Argentin et âgé de 76 ans, l'archevêque de Buenos-Aires prend le nom de François; signe indéniable de sa proximité avec les pauvres, à l'image de Saint-François d'Assise.
Mgr Jorge Mario Bergoglio bénéficie d'une grande popularité auprès des déshérités argentins et d’une classe moyenne appauvrie dans un pays où la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté. Avec lui, la justice sociale deviendrait un des soucis premiers de l’Eglise. La rumeur dit qu’il était en seconde place au Conclave de 2005.
Il soutient, à 50 ans, une thèse de théologie en Allemagne après avoir été provincial des jésuites d’Argentine. Il devient évêque auxiliaire de Buenos Aires en 1992 et prend la fonction de vicaire général de l’archidiocèse de Buenos Aires le 21 décembre 1993. Il travaille alors aux côtés du cardinal Antonio Quarracino, qui le décrivait comme "un homme discret et très efficace, fidèle à l’Eglise et très proche des prêtres et des catholiques. Il est une bonne nouvelle pour son diocèse". Au décès de Mgr Quarracino, Mgr Bergoglio prend donc sa suite, le 3 juin 1997. 10 ans plus tard, il rejettera l’idée de la responsabilité collective de l’Église dans les crimes commis sous la dictature argentine.
Une triple première
C'est la première fois qu'un pape prend le nom de François; il est le premier latino-américain et premier jésuite à devenir pape. Jorge Mario Bergoglio est né le 17 décembre 1936 à Buenos Aires, dans une famille modeste. Son père est d’origine italienne. Sa formation est celle d'un ingénieur chimiste, mais il est entré très tôt (22 ans) dans la Compagnie de Jésus. Il est ordonné prêtre onze ans plus tard, le 13 décembre 1969. Après une année passée en Espagne, il prononce sa profession perpétuelle le 22 avril 1973.
La même année, il est élu provincial des jésuites argentins. Il a 36 ans. Il reste à ce poste pendant six années, qui sont des années difficiles. C’est l’époque de la dictature militaire en Argentine. Il se bat pour conserver l’unité d’un mouvement jésuite divisé par la théologie de la libération, et touché par le manque de vocations. Il acquiert alors la réputation d’un homme qui sait gouverner en situation de crise. Quand il quitte son mandat, la Compagnie est stabilisée, et compte de nouvelles vocations.
Peu bavard, il est cependant très à l'écoute et toujours là où il faut, passant ses week-ends dans les paroisses défavorisées, avec les prêtres des bidonvilles. Ce religieux au parcours peu commun souffre d'une santé fragile puisqu'il vit avec un seul poumon depuis une opération à l'âge de 20 ans.
Selon le quotidien La Croix, le nouveau pape a gardé de ses années de curé à Buenos Aires et dans la sierra, un sens pastoral affirmé, n'hésitant pas à confesser régulièrement dans sa cathédrale et faisant tout pour rester proche de ses prêtres pour lesquels il a ouvert une ligne téléphonique directe. On le voit d’ailleurs souvent déjeuner d’un sandwich dans un restaurant avec un de ses curés et il n’a pas hésité, en 2009, à venir loger dans un bidonville chez un de ses prêtres menacé de mort par des narcotrafiquants.
Créé cardinal en 2001 par Jean-Paul II, cet ancien provincial des Jésuites a fait de la pauvreté un de ses combats; pauvreté qu'il qualifie de "violation des droits de l’homme". Pourfendeur du néolibéralisme et de la mondialisation, François Ier est devenu une autorité morale incontestable en Argentine et au-delà, au point où il apparaît aujourd’hui, dans un pays où l’opposition est quasi inexistante, comme la seule véritable force à s’opposer au couple présidentiel Kirchner dont il ne cesse de dénoncer l’autoritarisme.
SB/ Apic/La Croix