Les cardinaux entrent dans le vif du sujet !


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Les cardinaux entrent dans le vif du sujet !
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
3 min

Cette fois, les cardinaux sont entrés dans la phase décisive qui conduira à l’élection d’un nouveau souverain pontife, 266e pape de l’Eglise catholique. A 16h30 ce mardi 12 mars, les 115 prélats électeurs entreront dans la Chapelle Sixtine et y resteront coupés du monde jusqu’à la désignation de celui qui succèdera à Benoit XVI.

Difficile de dire si le conclave sera long ou non, même si d’aucuns s’accordent à dire qu’il devrait être court et que jeudi le nouveau pape devrait être connu. Ce n’est pas impossible, car les cardinaux ne se sont pas précipités pour entamer le conclave. On peut même affirmer que les choses ont débuté assez lentement, puisque les congrégations préparatoires se sont étalées sur cinq jours. Certes, ces congrégations réunissent les cardinaux électeurs et ceux qui ne le sont pas ayant atteints la limite d’âge, mais elles ont certainement permis aux participants de mieux se jauger et se connaître, et surtout de définir les grands axes sur lesquels le pontificat qui s’annonce devra travailler. Et, par conséquent, de délimiter, si possible, le profil le plus apte à relever les défis de l’Eglise. Mieux se connaître entre cardinaux n’est pas anodin car le pape émérite a peu réuni l’ensemble des cardinaux, à l’exception de quelques consistoires. Mais ceux-ci n’ont pas permis une connaissance réciproque de ce que chacun est ou représente et surtout pense.

Etablir la feuille de route

La longueur de ces congrégations préparatoires s’explique aussi par le fait que le Saint-Siège se trouve dans une situation inédite, avec la renonciation de Benoit XVI. Il a donc fallu sans doute improviser, analyser ce qu’en dit le droit canon et surtout prendre en considération les modifications apportées par Benoit XVI, juste avant son départ.

Sur le fond, les congrégations tenues par les cardinaux ont contribué à établir « la feuille de route du prochain pape ». Mais aussi à dresser le tableau des différents dossiers à ne pas négliger, notamment en ce qui concerne la gouvernance : crise de la curie avec le rapport des trois cardinaux chargés par Benoît XVI d’enquêter sur ces fuites massives de documents confidentiels, état des lieux de la Banque du Vatican (I.O.R.) et de la transparence financière voulue par Benoît XVI, rapprochement avec les traditionnalistes, etc.

Pour les spécialistes du Vatican, les cardinaux se sont aussi penchés sur la manière de mieux gouverner l’Église universelle, en tentant de savoir comment conjuguer unité de la foi et diversité sur le terrain.

Un autre axe des discussions a porté sur l’évangélisation, qualifiée de nouvelle, mais qui est surtout indispensable, notamment en Europe. Il s’agit de redonner du sens et parler de la foi, d’une manière simple et abordable. Enfin, les observateurs pensent que beaucoup de cardinaux ont insisté sur la nécessité de porter attention aux difficultés sociales, aux situations de crise, de l’engagement auprès des plus pauvres.

Un clivage dépassé

Et puis, il ne faut pas occulter d’autres dossiers chauds comme la place de l’Eglise dans une société de plus en plus sécularisée ou le positionnement face à un Islam parfois intolérant, avec en arrière-plan la crainte des chrétiens d’Orient..

Bref, on n’en est donc plus au clivage, désormais dépassé, des conservateurs contre les progressistes. Les défis sont trop importants pour se limiter à celui-ci. On peut estimer que le choix du souverain pontife se fera sur la base des réponses et des attitudes que l’un ou l’autre laissera percevoir au fil des discussions, mais aussi de son caractère.

Comme le disait, dans une récente interview, le cardinal français Paul Poupard, président émérite du Conseil pontifical pour la Culture et du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, « il n’existe pas de pape idéal ». En fait, les cardinaux électeurs cherchent d’abord un profil, alliant le charisme à des qualités de gestionnaire et sachant s’entourer. Pas facile !

Gageons que les cardinaux sont bien conscients de la lourdeur de la tâche, et du risque de faire peser sur un nouveau pape un poids trop important.

Jean-Jacques Durré

Catégorie : L'actu

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