Essayiste et conférencier, Philippe Arino a développé au fil de ses ouvrages un regard nouveau sur la question de l’homosexualité. Selon lui, l’homophobie ne se reconnaît pas seulement dans les discours haineux et minoritaires tenus à l’encontre des personnes homosexuelles. L’homophobie se situe aussi dans le discours majoritairement tenu par la société et les médias qui, sous couvert de tolérance, nient en fait la souffrance que les personnes homosexuelles vivent réellement dans leur chair. Une thèse qu’il développe dans une série de conférences qu’il donnera en Belgique à la fin de cette semaine.
Philippe Arino a une voix douce, une silhouette d’adolescent et termine chacune de ses phrases par un grand sourire. Mais à peine a-t-il prononcé quelques mots, que l’on prend conscience de la force de caractère qui anime ce jeune homme de 32 ans, une détermination qui puise son énergie dans une foi profonde qui s’accompagne d’un désir ardent de parler vrai.
Au départ pourtant, rien ne distingue le parcours de vie de Philippe Arino de celui de beaucoup d’autres homosexuels. A 10 ans, il prend conscience de la différence de son désir. A 20 ans, il en fait part à ses parents dans une longue lettre qui ne les empêchera pourtant pas de pleurer (la situation s’est depuis apaisée …) Il fréquente ensuite longtemps la communauté gay parisienne et y fait des rencontres, mais aucune ne le satisfait pleinement. On est alors en 2011 et il choisit, comme le professe l’Église catholique, d’être continent, afin, dit-il, de vivre véritablement en phase avec lui-même.
“L’Église a tout compris de l’homosexualité”
Tout cela pourrait se résumer à une trajectoire éminemment personnelle, si celle-ci ne s’accompagnait pas d’un travail de réflexion sur la nature du désir homosexuel qu’il décrypte dans deux ouvrages monumentaux, “Le couple homosexuel par-delà le bien et le mal” et le “Dictionnaire des codes homosexuels” publiés chez L’Harmattan.
Pour Philippe Arino, le discours ambiant, et apparemment décomplexé, sur l’homosexualité dissimule en réalité le refus général de notre société de regarder droit dans les yeux la véritable question : celle du désir homosexuel lui-même et de la souffrance dans laquelle il s’origine et qui continue à l’accompagner. Une souffrance bien réelle, qui s’exprime notamment de manière flagrante dans les œuvres des artistes homosexuels mais qui est pourtant rejetée avec force par les représentants autoproclamés de la communauté homosexuelle. Un déni qui, sous couvert de bonnes intentions, aboutit à un effet inverse de celui recherché puisqu’au lieu de permettre aux personnes homosexuelles d’être reconnues dans leur différence, les oblige à nier leur propre ressenti et à adopter une identité de surface, nécessairement épanouie et heureuse, accompagnée désormais des « attributs » d’une pseudo-normalité hétérosexuelle (couple, enfants, …)
Établissant un lien, non-causal, entre désir homosexuel et viol, Philippe Arino n’hésite pas à affirmer que « le mot qui convient pourtant le mieux à l’homosexualité, c’est celui de blessure », rappelant qu’une blessure, « ça ne définit pas une personne en entier. »
C’est cette souffrance vécue par la personne homosexuelle qui, pour l’essayiste, constitue aujourd’hui le véritable tabou de la question homosexuelle, comme il l’explique dans son dernier ouvrage “L’homosexualité en vérité” (Frédéric Aimard éditeur – 2012). Un tabou que seule l’Église Catholique, de par son souci de vérité, ose briser. C’est d’ailleurs cette parole de vérité qui, pour Philippe Arino, fait de l’Église un intervenant crédible sur cette question, rappelant que la pertinence de tout discours est avant tout fondée sur la justesse du diagnostic qu’il fait d’une situation.
Laurent VERPOOTEN/TG
Photo: JB Bonavia
Écoutez, ci-dessous, l’interview de Philippe Arino…
Témoignage P. Arino « C’est parce que je suis faible que je suis fort »…
- Le jeudi 21/02 à l’Agora 10 (place Agora) à 20h30 à Louvain-la-Neuve;
- Le vendredi 22/02 à la librairie UOPC à Bruxelles à 19h30;
- Samedi 23 et dimanche 24/02, week-end jeunes à Libramont.
Blog Philippe Arino : www.araigneedudesert.fr