On a vu un cardinal Danneels égal à lui-même, à l’humour discret et détendu devant une vingtaine de journalistes venus l’écouter avant son départ pour Rome. Qui sera donc le prochain pape? Si le cardinal a quelques idées de noms, il ne les a pas communiqués, mais sans doute le prochain se reconnaîtra-t-il dans son exposé. Travailler à garder l’unité dans la diversité, prendre en main la Curie, vivre et témoigner de son empathie avec tous les peuples de tous les continents, telle est la trame qui devrait tisser le prochain pontificat.
Avant d’évoquer le candidat pape idéal, le cardinal Danneels a rendu hommage au pape théologien dont il a salué la compétence en matière d’exégèse notamment, et de citer les trois grands livres que nous a laissés Benoît XVI sur la vie de Jésus. Admiration également pour la personnalité de Benoît XVI qui aura vécu ces huit années de pontificat comme un service d’Eglise. « Il prend son ministère sur lui, à l’image de saint Jean-Baptiste, et nous nous sommes sur les rives du Jourdain à qui il clame: « Convertissez-vous! »
Unir dans la diversité
Pour l’ancien archevêque de Malines-Brruxelles, l’un des défis qui attend le prochain pape sera de garder l’unité dans la diversité. Un chantier important, selon le P. Scholtes, attaché de presse de la Conférence épiscopale, interrogé en marge de la conférence de presse. « Cette mission de l’unité dans la diversité est celle du Pontifex, le créateur de ponts, c’est un rôle essentiel. Cette diversité est d’autant plus vive maintenant en raison de l’explosion des moyens de communication« , a-t-il notamment commenté.
Mais le nouveau souverain pontife devra également innover, s’adapter aux besoins de l’Eglise, en s’adaptant aux réalités et aux sensibilités de tous les continents. En accentuant le rôle du synode régulier des évêques qui représentent les catholiques du monde entier, c’est donner à l’Eglise un moyen de faire l’unité dans la diversité, a rappelé le cardinal en référence à Vatican II.
Un autre chantier auquel le nouveau pontificat devra s’atteler, selon le cardinal, c’est la Curie. Composée des cardinaux qui sont les conseillers du pape, son rôle est essentiellement exécutif, sans réel pouvoir de décision. Tout en admirant ces hommes qui travaillent dans l’ombre, qui y consacrent leur vie avec un sens réel du sacrifice, Mgr Danneels y voit un autre problème: le nombre de cardinaux de la Curie. C’est en parlant du statut exécutif de la Curie que Godfried Danneels en est venu à évoquer un « Conseil de la Couronne », un cercle rapproché de cardinaux, de hauts responsables de l’Eglise, qui aiderait le pape, sans être directif. Avec lesquels le pape pourrait parler tranquillement comme Benoît XVI le faisait avec ses amis théologiens réunis chaque année pendant la période estivale. « C’est en effet une idée intéressante », relève le P. Tommy Scholtes, qui a occupé un poste diplomatique au Saint-Siège pendant quelques années, « d’autant qu’il n’existe pas de réunion régulière de chefs de dicastère. »
C’est un cardinal rempli d’espérance qui parlait librement regardant vers le profil du nouveau pape. Qui sera-t-il? De quel continent viendra-t-il? « Il sera en tous cas un homme en empathie avec les divers continents, ouvert aux problèmes du monde. Le meilleur sera celui qui sera élu« , poursuit le cardinal avec un clin d’œil. « Il faut le prendre là où il se trouve… »
A quand donc le départ pour le conclave? Sur cette date l’ancien primat est resté évasif. Si les cardinaux s’entendent pour décider d’une date, ce sera dans une semaine et le conclave pourrait commencer vers le 10 mars. Quoiqu’il en soit le cardinal partira dans « un état d’esprit libre et responsable », il dira ce qu’il pense « comme il l’a toujours fait ».
Bernadette Lennerts
Ci-dessus, une vidéo de la conférence de presse réalisée par une équipe des Médias Catholiques.