Depuis que Benoît XVI a annoncé sa démission pour le 28 février prochain, d’innombrables réactions de tous les coins de la planète convergent unanimement dans le sens du respect, de l’admiration, de la gratitude. Qu’elles soient proches du souverain pontife parce qu’elles partagent la même foi ou qu’elles aient des engagements éloignés, toutes ces personnes saluent la décision de Benoît XVI, rendant hommage à sa personnalité modeste, à sa rigueur et à son honnêteté intellectuelles.
Benoît XVI, un ami de la France
Les voix des évêques ont été nombreuses à se faire entendre. Celles des évêques français notamment, qui avaient été tout récemment en visite ad limina. « La démission annoncée de Benoît XVI ne surprend que ceux qui ne le connaissaient pas« , a relevé Mgr Michel di Falco, évêque de Gap. « Le pouvoir, la carrière, les jeux d’influence ne l’ont jamais intéressé », souligne l’ancien responsable de la communication de l’épiscopat français. Pour Mgr di Falco, faire ce qu’on a à faire le mieux possible, puis se retirer lorsqu’on pense ne plus pouvoir accomplir sa mission comme on le voudrait est une belle leçon de vie.
Le cardinal André Vingt-Trois, a salué la “décision lucide” et “l’acte particulièrement courageux” du pape Benoît XVI renonçant à sa fonction. « C’est un acte de courage que d’accepter de renoncer, d’être capable de dire « Je ne peux pas« , a souligné Mgr Vingt-Trois, saluant la décision du pape « non comme une abdication » mais « avec sérénité et simplicité ». Pour le président de l’Episcopat français, la décision du souverain pontife est en cohérence avec sa personnalité. « D’une certaine façon, le pape Benoit XVI a brisé un tabou » a d’autre part estimé Mgr André Vingt-Trois, évoquant une décision « tout à fait exceptionnelle » puisqu’une démission de pape ne s’est « pas produite dans l’Eglise depuis le XVe siècle ».
Déception chez les évêques canadiens
C’est avec tristesse mais gratitude que les évêques canadiens marquent une certaine déception devant le choix du souverain pontife. »Comme les fidèles du Canada, nous avons appris à vous aimer et à vous admirer, et c’est avec tristesse que nous envisageons votre prochain éloignement du souverain pontificat, notent les évêques canadiens Par ailleurs, nous sommes pleins de gratitude envers le Seigneur pour les grâces extraordinaires que nous a values votre leadership hors du commun. (…) Admirables, inspirés, vos encycliques, vos homélies et vos innombrables messages nous laissent l’héritage d’un enseignement limpide, pénétré d’amour pour le Christ et son Église; cet héritage sera un guide sûr pour les chrétiennes et les chrétiens des prochaines générations. »
Tristesse des évêques américains
A leur tour, les évêques américains ont exprimé leur tristesse après la nouvelle de la démission du pape Benoît XVI. « Le Saint-Père a le cœur tendre d’un pasteur, l’esprit incisif d’un érudit et la confiance d’une âme unie avec son Dieu dans tout ce qu’il a fait« , a déclaré le cardinal Timothy Dolan, président de la Conférence épiscopale. « Sa démission n’est qu’un autre signe de son grand soin de l’Eglise. »
De Barack Obama à Angela Merkel
« Au nom des Américains du monde entier, Michelle et moi désirons exprimer notre appréciation et notre prière pour le pape« , a fait savoir le président des Etats-Unis, Barak Obama, évoquant le souvenir de leur rencontre au Vatican et se disant satisfait du travail effectué ensemble. « L’Eglise joue un rôle fondamental aux Etats-Unis et dans le monde, et je souhaite tout le bien possible à ceux qui se réuniront pour choisir le successeur de Benoît XVI« , a-t-il ajouté.
Le Congrès juif mondial a déclaré dans un communiqué que Benoît XVI avait « porté les relations entre catholiques et juifs à un niveau sans précédent ». « Aucun pape avant lui n’avait visité autant de synagogues. Il a rencontré des représentants de la communauté juive à chaque fois qu’il s’est rendu à l’étranger. Aucun pape avant lui n’avait fait autant d’efforts pour améliorer les relations avec les juifs, sur autant de niveaux« .
Pour sa compatriote allemande, la Chancelière Angela Merkel, Benoît XVI est « l’un des penseurs religieux les plus importants » de l’époque contemporaine et ses livres « continueront à fasciner les gens pendant longtemps encore ». « Je pense à sa profonde culture, à sa profonde compréhension des processus historiques et à son vif intérêt pour l’unification européenne », a-t-elle ajouté, soulignant par ailleurs son engagement pour le dialogue interreligieux.
Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon a salué quant à lui l’engagement du pape Benoît XVI face aux grands défis de l’humanité comme la lutte contre la pauvreté et la faim dans le monde. Il a souligné également ses efforts pour les droits de l’homme, la paix et le dialogue interreligieux.
Les voix dissidentes
Dans un communiqué, la Fraternité sacerdotale schismatique Saint-Pie X de Mgr Lefebvre « n’oublie pas que Benoît XVI a eu le courage de rappeler que la messe traditionnelle n’avait jamais été abrogée, et de supprimer les effets des sanctions canoniques portées contre ses évêques, à la suite des sacres de 1988. Ainsi la FSSPX lui exprime sa gratitude, malgré les divergences doctrinales manifestées encore à l’occasion des entretiens théologiques tenus entre 2009 et 2011. Elle lui exprime sa gratitude pour la force et la constance dont il a fait preuve à son égard en des circonstances aussi difficiles. »
Même si la réconciliation entre les deux anciens camarades, Joseph Ratzinger et Hans Küng, n’a jamais pu avoir lieu, le théologien suisse, lui-même âgé de 85 ans, a exprimé son respect face à la décision de Benoît XVI de renoncer à sa charge. Cette démarche est légitime et compréhensible pour de nombreuses raisons, a expliqué Hans Küng à Tübingen. Pour rappel, l’espoir de Hans Küng d’une réhabilitation par le Vatican et d’une réconciliation avec son ancien camarade du Concile Vatican II, Joseph Ratzinger, devenu Benoît XVI, n’a jamais abouti.
BL (avec apic)