Une quinzaine d’essais, une douzaine de livres-entretiens, des centaines d’articles, d’éditos et de chroniques, des romans, des scénarios de bandes dessinées, des pièces de théâtre… Frédéric Lenoir est un auteur prolixe et qui n’a pas peur de prendre des risques. Deux fils conducteurs tressent toutefois la trame de son œuvre tout comme de son existence: la philosophie et la spiritualité. Un double intérêt qui témoigne d’une véritable quête intérieure. Rencontre avec l’un des grands penseurs de ce début du XXIe siècle.
Rien ne prédisposait Frédéric Lenoir à devenir le brillant intellectuel qu’il est devenu par la suite. Elève turbulent et peu motivé pour les études, le jeune homme a changé trois fois de lycée pendant sa scolarité. « J’ai failli interrompre à plusieurs reprises mes études », se souvient-il. « Il y avait beaucoup de cours qui ne m’intéressaient pas. Heureusement, ça a été mieux après le bac, à partir du moment où j’ai pu faire ce qui me passionnait. »
Si Frédéric Lenoir n’excellait pas vraiment sur le plan scolaire, il passait, par contre, beaucoup de temps à lire. Et pas n’importe quoi. « A 13 ans, mon père, à qui je dois beaucoup, m’a donné à lire ‘Le Banquet de Platon' », explique-t-il. « J’ai tout de suite été passionné par la philosophie. Jusqu’à 17 ans, les présocratiques, Epicure, les stoïciens, Aristote ont merveilleusement répondu aux questions existentielles que je me posais: pourquoi suis-je sur terre? Y a-t-il quelque chose après la mort? Qu’est-ce que l’âme?… Un peu plus tard, j’ai éprouvé le besoin de me tourner vers l’Orient et ce fut à nouveau un voyage extraordinaire, grâce notamment à ‘Siddharta’, le magnifique roman d’Hermann Hesse. Le bouddhisme m’apporte une certaine philosophie de l’existence; il m’enseigne le détachement et l’observation de mes émotions. Socrate, lui, est plutôt pour moi un éveilleur: quand je pense à lui, je me dis: ‘Connais-toi toi-même, et en même temps, sache que tu ne sais rien’. Il m’apprend à rester humble. »
« Jésus m’a touché le cœur »
Et Jésus dans tout cela? Assez étonnamment, celui-ci n’est rentré dans la vie de Frédéric Lenoir que bien plus tard, vers 18-19 ans. Pour lui, c’était vraiment la dernière des traditions qui pouvaient l’intéresser. Il trouvait le catholicisime ringard, puritain, nul en quelque sorte. « Mes parents étaient croyants et pratiquants, mais pour eux, la foi, c’était surtout l’ouverture aux autres. Ils aidaient plein de gens. Le catéchisme et ses définitions toutes faites me paraissaient, par contre, absurdes. Ainsi, à l’âge de 10-12 ans, ai-je cessé d’aller à l’église. La philosophie et le bouddhisme avaient pris le relais dans mes interrogations existentielles. Jusqu’à ce jour où je suis tombé sur le prologue de l’évangile selon saint Jean. Comme les paroles de Socrate et du Bouddha, celles de Jésus m’ont percuté. Mais plus encore: Jésus m’a touché le cœur. Ce fut une émotion foudroyante. J’ai pleuré pendant des heures sans savoir pourquoi. J’avais envie d’embrasser le monde entier. »
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Pascal ANDRÉ
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