Parmi l’ensemble des parutions de l’espace francophone européen, c’est « Little Joséphine », écrit par Valérie Villieu et illustrée par Raphaël Sarfati, qui a reçu, le 31 janvier, le Prix du Jury Œcuménique de la Bande Dessinée 2013.Une émouvante évocation de la vieillesse, vécue dans la solitude et l’oubli, qui a touché des cœurs au Festival d’Angoulême.
Comme chaque année à l’occasion du Festival d’Angoulême, le Jury Œcuménique de la Bande Dessinée, composé d’historiens, de journalistes, de spécialistes et d’amateurs de BD, porte un regard à la fois spirituel et artistique sur la Bande Dessinée. Prix 2013, « Little Joséphine » allie à l’originalité du trait la profondeur d’une belle cause défendue par ses valeurs humaines et esthétiques. Une aventure éminemment humaine que l’infirmière Valérie Villieu a demandé à Raphaël Sarfati de mettre en images, pour témoigner de son vécu et surtout du peu d’attention porté aux personnes âgées.
Une histoire vraie et tragique…
Joséphine à 83 ans. Elle vit seule dans un quartier de Paris. La mémoire lui échappe. La maladie d’Alzheimer la décime petit à petit. Placée sous tutelle, elle est suivie par des auxiliaires de vie qui passent lui porter ses repas, dans son appartement minuscule. Valérie Villieu, infirmière à domicile, a accompagné l’héroïne de cette BD dans ses vieux jours. Elle s’est prise d’une réelle affection pour elle, à tel point qu’elle a eu l’idée d’écrire son histoire pour attirer l’attention sur la situation des personnes seules atteintes de maladies neurodégénératives.
« Je suis comme un bout de bois, je regarde le ciel, les nuages, et je me sens rien’ m’a dit un jour une patiente. Je suis infirmière à domicile, et Joséphine fait partie de ces rencontres importantes de ma vie d’infirmière. Une indéfinissable sensation de ressemblance, d’affinité comme on le connaît rarement dans une vie. J’ai eu la chance de la rencontrer, elle, qui se disait la fille d’Arsène Lupin ! L’humour était notre langage, notre terrain de jeu et notre lien.
Elle était drôle et étonnement vivante malgré les troubles dont elle souffrait. Joséphine a questionné des choses essentielles pour moi, m’a aidé à mieux penser mon travail pour ne pas me perdre dans la passivité, l’indifférence. Par ce récit, je voudrais dire qu’il ne faut jamais capituler face à ces troubles du comportement si déstabilisants pour nous ‘bien portants’ Il faut toujours chercher le lien, la porte qui nous permet d’accéder à l’autre. Et là, on peut être prêts à se laisser bouleversé par « la demoiselle aux yeux verts », parole d’indien !… » (Valérie Villieu)
A découvrir !
« Little Joséphine », Raphaël Sarfati et Valérie Villieu, Éditions La Boîte à Bulles, Collection Contre-cœur, septembre 2012.Anne Leconte