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24 heures pour s’interroger sur le sens de la vie, c’est le défi ambitieux que proposait la paroisse Saint Martin à Arlon les 22 et 23 février derniers. Durant deux jours, participants et experts ont uni leurs réflexions pour avancer ensemble dans cette quête de sens.
Ce concept de 24 heures pour réfléchir sur un thème de foi en est déjà à sa cinquième édition à Arlon, comme l’explique l’abbé Jean-Marie Jadot, doyen d’Arlon et co-organisateur de l’événement : « Nous avons débuté il y a dix ans avec ‘les 24 heures de l’envoi’ qui a été très bien reçu par les participants, ce qui nous a poussé à poursuivre l’aventure tous les deux ans avec différents thèmes : la prière, l’amour et l’espérance ».
Frank Andriat, écrivain belge et enseignant à Schaerbeek, a donné le coup d’envoi de cette édition 2013 avec une conférence au cours de laquelle il a présenté une approche très personnelle de la recherche du sens. Pour lui, l’enrichissement et l’épanouissement ne peuvent se définir que dans la rencontre avec l’autre. Une idée partagée par les quatre invités de la table ronde organisée le samedi matin. Ces derniers ont cependant apporté quelques nuances liées à leur domaine d’expertise.
Ainsi Lode Van Hecke, père abbé de l’abbaye d’Orval, explique que pour lui, la question du sens de la vie s’est posée lors de son entrée dans les ordres : « Ma vie a du sens si je peux faire vivre les autres. J’ai compris que notre force (en tant que moine) est notre amour inconditionnel pour tous les hommes. Ce qui reste à l’heure de notre mort, c’est l’amour qu’on a donné et l’amour qu’on a reçu». La psychologue Florence Hosteau s’accorde pour dire que le sens se construit dans l’interaction avec l’autre, mais observe que cet autre est souvent perçu comme un rival, voire une menace. Elle insiste sur la nécessité de s’ouvrir à l’écoute et à la parole et pose cette question : « quelles sont ces paroles qui m’habitent et me mettent debout lorsque tout s’écroule ? ».
Le philosophe, Jean-Michel Longneaux, a quant à lui orienté sa réflexion sur la recherche du bonheur. Si la volonté d’être heureux fait depuis longtemps partie de nos questions de sens, le référent est aujourd’hui différent. « Avant 1945, pour être heureux il fallait accomplir son devoir, un devoir dicté la plupart du temps par les institutions, peu importe le prix qu’il en coûtait. La fidélité dans l’engagement du mariage est un bon exemple de cette notion de devoir moral. Mais à partir des années 60 et 70, le bonheur s’est construit sur base de l’épanouissement personnel. Chacun a défini ses propres objectifs pour réussir sa vie, ce qui a eu pour conséquence une diminution du poids moral des institutions et une augmentation de l’individualisme. Le couple ou la famille fonctionnent désormais sur ce modèle».
Enfin, l’anthropologue Olivier Servais, a proposé une approche inversée à travers les lieux de non-sens, en particulier celui du monde numérique du jeu en ligne. Il a ainsi étudié le fonctionnement d’une ‘guilde’, une forme de communauté de joueurs dans laquelle il a pu observer énormément de communication, d’échanges et de solidarité. « Dans ce monde virtuel, les individus se sentent libres, exempts de jugement. Le monde numérique se présente comme une extension de la société où le sens apparaît là où on ne l’attendait pas » analyse-t-il.
C’est fort de ces points de vues d’experts que les participants ont ensuite échangé au cours d’ateliers variés qui devaient leur permettre, avec l’aide d’un animateur, de creuser la question du sens dans le domaine de la famille, des relations, de l’économie, de la vie communautaire ou encore du volontariat. Sur ce dernier thème, Annie, volontaire dans un service d’oncologie, a ainsi apporté un émouvant témoignage: « Je donne, mais surtout je reçois beaucoup durant ce temps que je passe auprès des malades. Quand j’apprends qu’un patient va mieux, c’est comme si on m’offre des fleurs ».
La journée n’était pas encore terminée que l’abbé Jean-Marie Jadot parlait déjà de renouveler l’expérience : « Proposer d’autres manières d’aborder l’Evangile et de le confronter avec sa vie, ca fait aussi partie du challenge de l’Eglise aujourd’hui ». Le rendez-vous est donc déjà pris pour 2015.
Manu Van Lier