L'éventualité de créer un ordinariat destiné aux luthériens est évoqué régulièrement. Après la création ces deux dernières années de 3 ordinariats destinés aux anglicans, un accueil favorable à une demande éventuelle de luthériens désireux de renouer avec Rome est plus que probable.
En marge de la présentation dans une librairie romaine, de son nouveau livre "Élargir l’horizon de la raison" (Librairie Éditrice Vaticane) consacré à la pensée du théologien Joseph Ratzinger, dont il est proche, Mgr Gerhard Ludwig Müller, ancien évêque de Ratisbonne (Allemagne) et actuel préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a répondu aux questions du site américain CWN. Selon Mgr Gerhard Ludwig Müller, « Certains luthériens désirent le retour à la pleine communion avec Rome, et l’Église devrait être prête à les accueillir », a-t-il affirmé, suggérant que, comme avec les anglicans, l’Église catholique pourrait autoriser ces luthériens à « préserver leurs traditions légitimes ». Mgr Müller a observé, reprenant une idée exprimée par Benoît XVI durant son voyage en Allemagne en septembre 2011, que Martin Luther, s’il souhaitait réformer l’Église, ne voulait pas pour autant créer des divisions parmi les chrétiens. « Dans mon pays, a ajouté le préfet allemand de la Congrégation pour la doctrine de la foi, les protestants ne sont pas opposés au catholicisme, dont ils ont conservé de nombreuses traditions. »
Cette possibilité fut également évoquée par le cardinal Koch président du Conseil Pontifical pour l’Unité des Chrétiens, en octobre dernier. Dans un entretien publié en allemand dans Zenit , "L’Église catholique pourrait-elle ouvrir la porte aux ordinariats pour les luthériens?", le cardinal suisse évoque la possibilité que des groupes de luthériens qui souhaiteraient rejoindre l’Église catholique le fassent, comme pour les anglo-catholiques, selon une formule ressemblant à celle des ordinariats. Le cardinal rappelle que ce sont les groupes d'anglicans eux-mêmes qui prirent l’initiative, en venant à Rome de demander un mécanisme qui faciliterait l’unité. «Le Saint Père a cherché une solution » à la demande d’unité de ces groupes anglicans et a trouvé ce que le cardinal Koch appelle « une large solution » dans laquelle « les traditions liturgiques et ecclésiales anglicanes ont été prises largement en considération. S’il y a des luthériens qui expriment des désirs similaires, nous devrons y réfléchir. Mais l’initiative revient aux luthériens », commente le cardinal.
4.000 anglo-catholiques en 2 ans
Ces deux dernières années, ont été créés trois ordinariats anglo-catholiques, un au Royaume-Uni, un en Amérique du Nord, et un autre en Australie. À travers eux, 8 ex-évêques anglicans, quelques 100 ex -pasteurs et environ 4000 laïcs sont revenus à l’Église catholique, il faut y ajouter les nouveaux convertis, des personnes d’origine anglicane ou épiscopalienne qui les rejoignent chaque année.
Les relations avec les luthériens évoqués lors de la Schülerkreis
Lors de la traditionnelle rencontre du pape avec ses anciens élèves à Castel Gandolfo, la rencontre portait cet été sur les relations de l’Eglise avec les luthériens et les anglicans, dans la perspective du 500e anniversaire de la Réforme fêté en 2017. On ne peut parler de "fête de la Réforme", "car la séparation est un événement douloureux", a affirmé Mgr Adoukonou, sous-secrétaire du Conseil pontifical de la culture. En revanche selon le prélat, on se dirige vers une "célébration de la purification de la mémoire des deux parties". Le "souhait de reconnaître ensemble notre péché d’avoir commis la division" est partagé, a-t-il poursuivi.
BL avec Lcx