Avec beaucoup de pudeur et de simplicité, Pascale Dalcq nous invite à la suivre sur le chemin qui l’a d’abord menée de la libre pensée à la foi, puis qui l’a fait passer du désir de mourir à la joie pascale, celle qui jaillit un jour par-delà l’épreuve. Un témoignage saisissant.
Nous allons par le pire à des choses très fleuries et très douces, accordées au secret de nos âmes. » Cette phrase, tirée d’un livre de Christian Bobin, résume à elle seule l’itinéraire qu’a emprunté Pascale Dalcq et dont elle nous livre l’essentiel dans un ouvrage paru tout récemment aux éditions Fidélité. Née en 1961 à Forest, dans une famille « où aucune religion n’influençait la pensée et où la vie n’était rythmée par aucune pratique religieuse », cette femme a découvert la foi dans les ruines de l’abbaye d’Orval, sous la forme d’une Présence « à la fois forte, douce et aimante », qui va orienter le reste de sa vie. « Un moment lumineux dont l’impression ne s’effaça plus jamais », confie-t-elle. Et l’on comprend pourquoi: meurtrie par le divorce de ses parents, la jeune fille passait alors de longs moments à envisager de quelle façon elle pourrait se suicider.
Une carapace de solitude
Fraîchement convertie, Pascale Dalcq envisage très vite la foi, non pas seulement comme une affaire personnelle, mais comme un trésor à partager. Un élan missionnaire qui la conduit, dans un premier temps, au carmel d’Argenteuil, puis, quelques années plus tard, au monastère de Cyangugu, au Rwanda, où elle sera le témoin impuissant des terribles événements de 1994 et faillit même perdre la vie. Profondément marquée par le drame rwandais, traumatisée par ce qu’elle a elle-même vécue là-bas, la religieuse revient en Belgique, mais ne parvient pas à oublier, à reprendre le fil de sa vie. « La mort, l’horreur et la peur avaient gravé leur marque dans mon cœur et m’enfermaient doucement dans une carapace de solitude qui serait pour longtemps difficile à briser. » Elle demande donc trois ans d’exclaustration pour prendre du repos et trouver les moyens d’aller mieux. Après bien des détours, elle finit par rejoindre à Winnipeg, au Canada, une communauté de l’Arche où elle découvre « l’incroyable capacité d’accueil des personnes avec un handicap ».
Retour aux sources
Si Pascale Dalcq commence à retrouver goût à la vie, elle ne parvient pas à oublier ce qu’elle a vécu au Rwanda. Jusqu’au jour où elle décide de retourner sur les lieux du drame, afin d’y affronter ses peurs, de les regarder en face. Un voyage qui ressemblera davantage à un pèlerinage intérieur qu’à des vacances, et dont les bienfaits dépasseront de loin ses espérances. « Cette nuit-là, j’ai réalisé, presque à mon étonnement, que tout désir et toute pensée de mort m’avaient quittée », raconte-t-elle. « Comme une source jaillissant au fond des bois, la vie se frayait un passage, à nouveau désencombrée de tout ce qui, depuis des années, tentait de l’étouffer. »
En racontant cette victoire sur la mort, cette résurrection, Pascale Dalcq – qui vit toujours au Canada, mais travaille désormais en paroisse et auprès des aînés – ne souhaite « rien d’autre qu’encourager d’autres personnes à savoir relire et retrouver, dans leur propre vie, les traces de la joie pascale, la joie plus forte que tout, celle qui jaillit un jour par-delà l’épreuve ». Car, précise-t-elle, « la joie de vivre et d’aimer est un trésor qui ne grandit qu’en se partageant… »
Pascal ANDRÉ
« Et votre joie sera parfaite », Pascale Dalcq, Fidélité, 134 pages, 17,79 €, port compris. A commander au compte 732-7032002-38 IBAN BE24 7327 0320 0238 – BIC CREGBEBB de Dimanche Service, 67/2, chaussée de Bruxelles, 1300 Wavre.