Livre: Le pays où les roses pleurent


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Livre: Le pays où les roses pleurent
Par La rédaction
Publié le - Modifié le
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D'emblée, Frank Andriat, l'auteur de "Rose afghane", invite les lecteurs à entrer en Afghanistan; un peu comme on entre en religion. Il faut s'y donner corps et âme et oser se laisser dépouiller de tous préjugés pour mieux se fondre dans la réalité, triste réalité, si justement évoquée dans ce livre.

Page 9; note de l'auteur: "Je ne suis jamais allé en Afghanistan. Pas encore…" Regret? Appréhension? Désir? Les trois à la fois, sans doute. Frank Andriat ne le dit pas, mais son cœur bat pour ce pays meurtri. Entre Bruxelles où il vit et la Gaume où il aime, il y a aussi une place pour l'Afghanistan sous la plume de l'écrivain. Et cette terre aride d'Asie centrale, il nous la fait découvrir sous les traits de six jeunes filles, six roses afghanes comme on les appelle là-bas. Avec émotion, pudeur et beaucoup d'amour, les adolescentes parlent de leur pays à travers un moment de leur vie.

Il était une fois la guerre…
Sabera, Chekeba, Mariam, Chirine-djân, Najmah, Malalaï. Leur nom a le parfum des roses, mais leur cœur est hérissé d'épines. Elles voudraient encore toutes faire s'envoler leurs cerfs-volants sur les toits de Kaboul, mais doivent plutôt se terrer dans leur maison. Le livre de Frank Andriat se tisse ainsi avec les souvenirs d'une enfance heureuse, des jeux emprunts de liberté, des amitiés indestructibles et des amours naissantes de six fillettes qui racontent et racontent encore leur vie, leurs espoirs, leurs illusions avec toute la force de leur humanité, mais, mais, mais… Ce serait oublier que ces histoires se déroulent dans un Afghanistan loin d'être pacifié, et loin d'avoir cicatrisé ses blessures; bref, dans un Afghanistan en guerre, encore et toujours.

Dans cet ouvrage, au deuxième chapitre, intitulé "Croire au bonheur", une mère dit à sa fille toute la beauté de sa terre afghane d'avant-guerre: "Sabera, lorsque j'avais ton âge, ton pays était un oiseau pour le chat, mais un oiseau libre… Ton pays était un pigeon blanc qui déploie ses ailes devant l'entrée de la mosquée… Ton pays, Sabera, n'avait pas la couleur sale des pierres sanglantes des lapidations et, dans les champs de tulipes, on ne tuait personne, on n'était pas rongé par la peur de l'autre…" Aujourd'hui, Sabera, elle, ne peut que rêver à toutes ces merveilles, car son pays est devenu sans saveur et sans odeur, si ce n'est celle de la poudre.

Beau, mais triste
Je ne cacherai pas que j'ai aimé lire "Rose afghane" et que j'ai reconnu dans ce livre l'amour inconsidéré que Frank Andriat porte à l'humanité. Je l'ai aimé, mais j'ai aussi pleuré, car ce livre est triste; triste des espoirs déçus et des peurs refoulées; triste des vies menacées et des lendemains désenchantés. Si les six récits évoquent la fierté, le courage et la générosité des roses afghanes, ils ne peuvent cacher les gouttes de rosée perlant sur les fleurs, qui ne sont, en fait, que des larmes.

Sylviane BIGARÉ

Pour un Afghanistan libre
Les droits d'auteur de ce livre sont versés à l'association "Afghanistan libre", une association veillant à restaurer les Afghanes et leurs familles dans leur dignité. Créée par Chékéba Hachemi, réfugiée politique en France à douze ans et première Afghane diplomate, "Afghanistan libre" soutient l'accès à l'éducation par la construction, la réhabilitation d'écoles et de lycées pour filles tout en accompagnant ces établissements de crèches, de bibliothèques, etc. Bourses, éducation à la santé, actions de sensibilisation s'ajoutent au programme de l'organisation.
Plus d'infos sur: www.afghanistan-libre.org
"Rose afghane" de Frank Andriat est paru aux éditions Mijade.


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