Élargir le programme d’aide alimentaire tout en réduisant les fonds, c’est la direction que souhaite prendre la Commission européenne pour les prochaines années. Un projet qui suscite de vives inquiétudes du côté des associations caritatives.
C’est sur base d’une récupération des excédents agricoles que le programme européen d’aide aux plus démunis (PEAD) a pu être fondé en 1987. Mais ce surplus a peu à peu disparu au fil des réformes de la politique agricole commune (PAC). Le programme repose donc aujourd’hui sur des achats directs sur les marchés, avec une enveloppe 500 millions d’euros qui permet de servir des repas à 18 millions d’Européens dans 20 pays participants. Suite à un arrêt de la Cour européenne de justice, le système actuel prendra fin en 2014 pour laisser place à un budget qui définira l’aide jusqu’à l’horizon 2020.
Le mercredi 24 octobre, la Commission européenne va soumettre à l’approbation de ses membres l’élargissement de son programme alimentaire à une aide aux sans-abris et aux enfants. La Commission souhaite attribuer 2,5 milliards d’euros à un « fonds européen pour les plus démunis ». Une enveloppe qui ne serait plus limitée à l’alimentation mais inclurait l’aide matérielle en faveur des sans-abri (vêtements, chaussures, sacs de couchage) et des enfants (fournitures scolaires, notamment). Alors que Berlin estime que la pauvreté est une affaire nationale, les États devront cofinancer leurs projets à hauteur de 10 à 20 % et les associations devront, en plus, s’engager à aider les personnes à chercher du travail ou un logement.
Les associations caritatives ont déjà fait le calcul : 2,5 milliards d’euros sur sept ans, c’est 360 millions d’euros par an à répartir entre 27 États, voire 28 avec la Croatie, soit une diminution de 30% de l’enveloppe dédiée actuellement. Un montant qui devra encore être approuvé unanimement par les 27 chefs d’État et de gouvernement de l’Union, les 22 et 23 novembre, lors de négociations sur le budget européen post-2014 qui s’annoncent très délicates en ces temps d’austérité.
MVL, d’après La Croix