A l'approche de l'élection présidentielle du 7 octobre, les relations déjà exécrables entre le président vénézuélien, Hugo Chavez, et l'Église catholique semblent se crisper encore davantage. Selon le site lavie.fr, le président est réellement « dans le collimateur » de cette dernière.
Nul ne contredira que le président vénézuélien aime la provocation et les discours musclés. Ses partisans voient en lui le digne représentant de la dignité sud-américaine, surtout face à l’hégémonie des États-Unis. Ses détracteurs lui reprochent ses méthodes, forts proches de celles des régimes dictatoriaux. Il ne laisse en tous cas pas indifférent, lui qui n’avait pas hésité à qualifier George W. Bush de « diable » à la tribune de l’ONU et qui avait réussi à faire sortir de sa réserve le roi d’Espagne Juan Carlos, lors d’un sommet Espagne-Amérique latine. On se souvient de la phrase du souverain, exaspéré, s’adressant à Chavez : « Pourquoi ne vous taisez-vous pas ? ». Aujourd’hui, le bouillant président du Vénézuéla a réussi à se mettre à dos l’Église catholique. Certes, ce n'est pas nouveau. Les relations n’oint jamais été cordiales, mais désormais le ton monte de belle manière à l’approche des élections.
Depuis l’arrivée de Chavez au pouvoir en 2002, l'Église au Vénézuéla ne cesse de pointer les manquements à la démocratie qu'elle observe chez cet ancien militaire, qui avait déjà tenté un coup d'État en 1998. Les évêques sont donc devenus malgré eux une sorte de force d'opposition, ou du moins ont été décrétés tels par le président. « Chavez estime que l’Église est une ennemie du socialisme du XXIème siècle chaque fois que celle-ci se montre critique vis-à-vis du gouvernement, sans voir que l’Église catholique ne cherche qu’à faire entendre sa voix face à certaines injustices », déclarait déjà à l'Aide à l'Église en détresse (AED) un évêque en 2010. Cette année là, après plusieurs actes d'intimidation contre des prêtres qui avaient eu le tort de mettre en garde contre certaines atteintes à la démocratie lors de leurs homélies, Chavez annonce vouloir, contre la constitution vénézuélienne, confisquer la chaîne de télévision appartenant à l'archevêché de Caracas, Vale TV, pour « la remettre au peuple ».
Une dérive dangereuse qui inquiète
Toutefois, l'Église vénézuélienne n'est pas la seule à s'inquiéter de la dérive du pouvoir à Caracas. Dès 2008, l’organisation Human Rights Watch avait alerté l'opinion sur la concentration des pouvoirs dans les mains du seul président et sur les abus qui en découlaient. En juillet 2012, un nouveau rapport exprime des inquiétudes plus grandes encore : une Cour suprême composée de juges à la solde du pouvoir, des tentatives de mainmise sur les médias et sur Internet, plaintes contre toutes les ONG critiques, etc. « Si on trouve encore souvent des critiques virulentes du gouvernement dans la presse écrite, sur Globovisión et dans plusieurs autres médias, la crainte de représailles gouvernementales a fait de l’autocensure un véritable problème pour les journalistes et les organismes de radio ou de télévision vénézuéliens », écrit HRW.
C'est dans ce contexte extrêmement tendu que le président Chavez a prononcé un discours en vue des présidentielles d'octobre. Discours dans lequel, selon son habitude, le président-candidat se réfère à Dieu et à la mission qu'il en aurait reçu. C'en est trop pour Mgr Baltazar Porras, archevêque de Mérida. Dans une longue interview au journal La Verdad, il ne mâche pas ses mots : « Ce que je pense, et je le dis, c'est que certains manipulent la religion. [...] Avoir le pouvoir ne fait pas de vous un demi-dieu ». Et de terminer sur cette phrase forte: « Chavez se vend comme étant le Sauveur d'une Apocalypse. Son message est clair: se présenter éternellement aux élections afin d'être réélu jusqu'à la mort ».
Ni le président, ni le gouvernement vénézuélien n’ont, pour l’instant, réagi.
JJD (avec lavie.fr)
