La guerre s’est arrêtée à Sarajevo, mais la paix n’est pas encore en place. C’est par une procession, une prière et un appel à la paix adressé à toutes les religions que s’est terminé, mardi 11 septembre, la rencontre interreligieuse de Sarajevo en Bosnie-Herzégovine. Des centaines de leaders politiques et religieux venus de 60 pays se sont rassemblés durant trois jours à l’invitation de la communauté Sant’Egidio.
Depuis la Journée mondiale pour la paix d’Assise en 1986, à l’invitation de Jean Paul II, la communauté de Sant’Egidio organise des rencontres internationales annuelles dans l’esprit d’Assise. Elles visent à mettre les religions au service de la paix. Depuis 2002, ces rassemblements ont lieu en septembre, notamment en référence aux attentats terroristes du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.
Le siège de la ville de Sarajevo avait débuté le 5 avril 1992 par le contrôle de l’aéroport international par l’armée yougoslave. Il a pris fin le 29 février 1996. Avec une durée 1.425 jours, il est le plus long siège du 20è siècle. Près de 11.500 habitants de toutes ethnies, dont 1.600 enfants, y ont connu la mort.
« Il faut éviter de toutes ses forces de se laisser entraîner dans la terrible spirale de la haine, de la violence et de la guerre. Le voisin ne doit pas en venir à lutter contre son voisin en raison de son appartenance à une autre religion ou à une autre ethnie. Jamais plus sur cette terre ! Jamais plus nulle part dans le monde ! », dit le texte final de la rencontre interreligieuse, paraphé à l’issue de la cérémonie conclusive qui s’est déroulée dans la vieille ville à la nuit tombante.
En écho au thème « Vivre ensemble, c’est le futur » qui a rassemblé plus de 2000 participants dans l’ancienne ville martyre, les signataires écrivent : « Nous sommes différents. Mais notre conviction unanime est celle-ci : vivre ensemble entre gens différents est possible et fructueux partout dans le monde. Cela est possible à Sarajevo et partout. Il faut préparer l’avenir de manière responsable. Sur ce point, les religions ont une grande responsabilité. Ces jours-ci, à Sarajevo, nous avons vécu la grâce du dialogue et vu comment construire l’avenir ! »
Grand promoteur de la rencontre interreligieuse d’Assise, voulue par le pape Jean-Paul II en 1986 et dont les rencontres internationales de la communauté San’t Egidio perpétuent chaque année l’esprit, le cardinal Roger Etchegaray, à près de 90 ans, s’est adressé directement à Saravejo, « Sarajevo, je te dis aujourd’hui : courage ! Courage ! Réapprends à vivre ensemble, à vous regarder sans parti pris comme si chacun était tout neuf, tout frais. Courage pour rendre cette terre habitable par les hommes – il faut le croire coûte que coûte – qui sont frères et également aimés du même Père de la famille humaine », a lancé l’ancien président des conseils pontificaux Justice et paix et Cor Unum. « Sarajevo, toi qui es justement si fière de ton passé pétri de tolérance religieuse et d’échanges culturels, redeviens pleinement ce que tu es au service de tous les peuples et de toutes les religions. » « Sarajevo, Sarajevo, je te le dis : Dieu jugera l’humanité sur ce qui se passe sous tes yeux. Sarajevo, je te le demande, donne la main à ton voisin quel qu’il soit et ensemble levez toutes vos mains unies vers Dieu », s’est écrié Mgr Etchegaray en invitant l’assistance à se donner la main.
Ce ne fut pas le seul geste symbolique de cette soirée émouvante, dans laquelle la jeune génération tint un rôle prépondérant, comme si les adultes les prenaient à témoins de leurs promesses de coexistence pacifique, relève notre confrère La Croix.
Quant au fondateur de la communauté Sant’Egidio, Andrea Riccardi, il a redit sa conviction que l’avenir de l’humanité passe par le dialogue. L’année prochaine, c’est à Rome, berceau de San’t Egidio, que les religions se donnent rendez-vous pour prier ensemble et dialoguer.
BL avec Apic/Lcx