Début septembre, à la veille de son 11e Symposium international sur l’histoire de l’Église ca-tholique en Chine, l’Institut Ferdinand Verbiest a fêté son 30e anniversaire à Louvain. Avec son homologue à Taipei et la Fondation Ferdinand Verbiest qui les supervise, cet institut forme l’épicentre des relations amicales de l’Église belge avec l’ensemble des catholiques chinois.
Dans le jardin du Collège d’Arras, rue de Namur à Louvain, se dresse une copie conforme du grand globe céleste que le jésuite Ferdinand Verbiest a réalisé à la demande de l’empereur chinois Kangxi fin du XVIIe siècle et qui trône encore en haut de l’ancien observatoire à Pékin. Ce chef-œuvre, témoin des bonnes relations interculturelles et scientifiques des premiers missionnaires avec les Chinois, symbolise toute la mission de la Fondation Ferdinand Verbiest. C’est Jeroom Heyndrickx, missionnaire de Scheut, une congrégation fondée par Théophile Verbist (à ne pas confondre avec le jésuite précité), qui est à la base de cette initiative. « Même quand il parle le Flamand, il a l’accent chinois », plaisantait le cardinal Danneels à son sujet, lors des festivités à Louvain début du mois, pour souligner combien ce religieux se préoccupe du sort des catholiques de Chine.
Dès les ouvertures faites par Deng Xiaoping au début des années 80, les Scheutistes ont effectivement compris qu’il fallait reprendre le fil de la mission en Chine, mais autrement qu’avant la « révolution culturelle ». L’Église de Chine, appelée « Église du Silence », divisée par les manipulations du régime communiste, avait effectivement avant tout besoin d’amitié, de respect et de confiance. Une confiance liée à la mémoire. Durant les persécutions menées par les Gardes rouges de Mao Zedong, les ravages ont été tellement importants que les chrétiens de ce pays sont devenus amnésiques de leur propre histoire.
Une division, source de souffrance
Par ailleurs, la recherche scientifique sur le passé de cette Église n’est jamais une activité sans engagement. Ainsi, il est évident que le débat théologique initié par le théologien louvaniste Peter De Mey sur « les relations de l’Église particulière en Chine avec l’Église universelle », aura des conséquences tant pour Rome que pour toutes les autres Églises particulières.
Car les catholiques de Chine souffrent encore toujours de la division initiée par les autorités chinoises. Un dialogue a été lancé entre Rome et Pékin et les visites pastorales mutuelles des évêques de Belgique en Chine et de plusieurs évêques chinois chez nous, ont été organisées principalement par le père Heyndrickx. On regrette dès lors à l’Institut Ferdinand Verbiest que le dialogue sino-vatican semble être interrompu depuis les récentes excommunications d’évêques chinois ordonnés sans l’autorisation de Rome.
L’Histoire et le dialogue, c’est bien. Mais toute relation entre Églises repose sur l’amitié et la prière. L’Institut Ferdinand Verbiest l’a bien compris, mais il n’est pas le seul. Dans le diocèse de Liège, par exemple, dans le prolongement de ses relations privilégiées avec l’Église de Chine et avec le soutien de l’Institut Ferdinand Verbiest, la Fraternité d’Église Liège-Chine réunit des chrétiens belges et chinois dans un triple objectif: approfondir la communion dans la foi et la prière, favoriser les liens d’amitié et apporter un soutien à diverses formes d’entraide. L’élan missionnaire a peut-être changé de visage, il n’en est pas moins toujours aussi vivant.
Benoit LANNOO
Un groupe de Liégeois et d’étudiants chinois se retrouvent autour de la stèle de la Fraternité d’Église Liège-Chine à Banneux