La Communion Notre-Dame de l'Alliance réunit des hommes et femmes mariés, qui ont décidé d'être fidèles à leur conjoint, en restant seuls après une séparation ou un divorce.
Le mouvement se réunit annuellement pour une retraite qui rassemble les membres belges et français. Cette année, pour la première fois, c'est en Belgique à Banneux que les quelque 260 retraitants, de tous âges et de toutes conditions sociales sont accueillis pour une semaine spirituellement bien dosée. La récollection s'égrène en 6 jours (6-11 août), rythmés par les repas pris en silence, les pause-café pendant lesquelles les liens d'amitié se resserrent. Parmi les moments forts, le chapelet, l'enseignement, les sacrements, avec la veillée de réconciliation et la nuit d'adoration en point d'orgue. Pour encadrer ces personnes, dont certaines arrivent terriblement blessées, il y a toute une équipe, parmi laquelle Martin Brochier et Marie-France Sallets, les deux responsables pour la Belgique francophone, et l'abbé Christophe Cossement qui en est le conseiller spirituel national.
Accompagner la fidélité
D'emblée la question du "pourquoi la fidélité ?" dans un contexte de séparation vient à l'esprit. Selon Marie-France, ce chemin n'est pas évident pour tout le monde. "Surtout quand on nous demande alors quand recommences-tu une nouvelle relation? Mais en groupe on se soutient, c'est comme une grande réunion de famille, on se retrouve avec joie", concède-t-elle.
Si la joie est visible sur certains regards, elle n'occulte pas les souffrances et les blessures. "Ici on vient déposer des choses parfois très lourdes, c'est pourquoi la confession est si importante" poursuit Martin Brochier, "pour recevoir des paroles de vérité, pour grandir dans l'amour, sans verser dans le sentimentalisme".
Comment la joie peut-elle s'afficher sur les visages quand on est séparé ou divorcé ? "Petit à petit, on fait chemin avec Jésus ou Marie", répond Marie-France, "on reçoit une paix et une douceur dans le cœur, qui nous attire vers les autres et nous fait rayonner de cette joie intérieure qui nous habite".
L'abbé Cossement, qui prendra le mois prochain la tête de l'Institut supérieur de théologie du diocèse de Tournai, voit son rôle de conseiller spirituel, comme un encouragement à la voie choisie par ces personnes qui rament à contre-courant: fidélité au mariage tout en restant seul. " Dans ce chemin de solitude, parfois au milieu de l'incompréhension de leur entourage, les personnes séparées ou divorcées ont besoin d'être encouragées. Pour elles, Dieu devient un compagnon de chaque jour, quelqu'un qui habite aussi cette situation de solitude".
Pourquoi vouloir se marier?
Rester fidèle à son sacrement, a-t-il du sens ? "Derrière le sacrement, il y a la fidélité de Dieu. Dieu nous a faits pour une vocation au bonheur", précise l'enseignant du jour, le P. Berthaud, dominicain et conseiller spirituel général du mouvement. " Le mariage c'est l'image du bonheur. Qu'est-ce qui vient casser le mariage? La mésentente, le divorce. La complémentarité de l'homme et de la femme que Dieu a voulue pour réaliser un bonheur réciproque est inscrite dans le cœur de la nature humaine, mais ce sont des difficultés normales de complémentarité qui endurcissent le cœur. Le divorce est le résultat de cet endurcissement".
Comment reconstruire quelque chose après l'échec ? "N'ayez pas peur de revenir vers Dieu!", répond le dominicain. Se référant à la rencontre de Jésus avec la femme adultère, il explique : "le Christ ne la condamne pas, il lui dit simplement : va mais ne pêche, plus ! Il lui pardonne son péché. C'est à ce Dieu-là que j'ai donné ma vie, c'est à ce Dieu-là que les membres de la Communion Notre-Dame de l'Alliance veulent s'accrocher, veulent s'unir, vivre la fidélité malgré les vents contraires et les ricanements du monde".
Venu à la session à l'invitation de M. Brochier et de Marie-France Sallets, Mgr Warin, évêque auxiliaire de Namur et référendaire pour la pastorale familiale en Belgique francophone, entend jouer son rôle comme celui de coordinateur. "C'est une pastorale difficile à développer", admet-il. "Dans ce contexte, l'Eglise peut vraiment manifester sa gratitude envers le mouvement. En vivant la fidélité, la Communion N-D de l'Alliance dit quelque chose de la fidélité indéfectible de Dieu. J'ai été frappé que les personnes se présentent en citant leur nombre d'années de mariage avant de dire depuis combien de temps elles sont divorcées ou séparées. Pour elles la grâce de Dieu continue à agir dans leur vie. Le nœud est fait par Dieu", poursuit l'évêque auxiliaire de Namur. "Il a donné une grâce sur laquelle nous pouvons nous appuyer. Dieu a construit pour les hommes un pont pour franchir le fleuve, mais beaucoup préfèrent traverser le flot impétueux du monde à la nage !", conclut-il.
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Bernadette Lennerts