En France, les évêques ont invité les catholiques à réciter le 15 août, dans toutes les paroisses, une prière commune pour la France, écrite par le cardinal André Vingt-Trois . Une décision qui fait polémique dans l’Hexagone au moment où le gouvernement et le parlement s’apprêtent à légiférer sur l’euthanasie et l’union des homosexuels. Pour le cardinal Barbarin, primat des Gaules, cette prière a bien une dimension politique et l’heure est grave. « L’Eglise doit parler quels que soient les courants qui traversent l’opinion publique », clame-t-il.
Dans un texte envoyé à tous les diocèses, le cardinal André Vingt-Trois, président de la conférence des évêques de France (CEF), a appelé à prier, ce 15 août, pour la famille et le couple homme-femme, en réaction au projet de loi sur l’ouverture du mariage aux couples de même sexe et au débat sur l’homoparentalité. Un texte qui a suscité la polémique et qui n’a pas manqué de provoquer de nombreuses réactions dans la classe politique française, tant à gauche qu’à droite.
En fait, si l’initiative n’est pas passée inaperçue, c’est parce que le président de la CEF, a choisi de raviver une tradition délaissée, en transmettant à tous les diocèses du pays « une prière pour la France », à lire dans les paroisses lors de la messe de l’Assomption, le 15 août. « Compte tenu de la situation et des probables projets législatifs du gouvernement sur la famille, il me semble opportun de donner un signe national », explique en préambule le cardinal-archevêque de Paris.
Le cardinal Vingt-Trois invite aussi à prier en particulier pour les personnes touchées par la crise, pour ceux qui gouvernent, pour les familles, les enfants et les jeunes. Cette démarche a suscité de vives réactions dans le contexte actuel. Le gouvernement français veut en effet accorder aux homosexuels le droit de se marier et d’adopter. Par ailleurs, en ce qui concerne la fin de vie, le président François Hollande, sans jamais prononcer le nom d’euthanasie, a promis de « dépasser la loi Leonetti » du 22 avril 2005, relative aux droits des malades et à la fin de la vie. Cette loi porte en fait sur le seul maintien artificiel de la vie, qui ne doit pas faire l’objet « d’une obstination déraisonnable ».
Dans une interview au Figaro, le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, réagit aux polémiques. Le Primat des Gaules reconnait que la prière a une dimension politique dans la mesure où elle ne fait jamais abstraction des questions de la vie sociale, encore moins des souffrances des hommes. Mais il se demande si la laïcité voudrait interdire la prière, si les catholiques devront soumettre leurs rites et leurs formulaires au commandement de la pensée unique.
Pour le cardinal Barbarin l’heure est grave. « C’est une rupture de civilisation de vouloir dénaturer le mariage », affirme-t-il. « L’Eglise doit parler quels que soient les courants qui traversent l’opinion publique ». Mgr Barabarin aime les expressions fortes et n’hésite à se demander si la France n’est pas une « tyrannie ». Il note que l’Eglise a l’habitude d’être « le paillasson sur lequel on s’essuie les pieds, que ces réactions font penser que certains semblent avoir peur de la prière ».
Vu la polémique que suscite le texte de Mgr Ving-Trois, le primat des Gaules interroge : «Avez-vous lu cette prière? On peut prier pour l’engagement des époux, pour les enfants et les jeunes, afin qu’ils bénéficient pleinement de l’amour d’un père et d’une mère, sans être taxé d’homophobie, j’espère ! Ce sont les intentions qui montent spontanément au cœur des croyants. Il ne faudrait pas se mettre à terroriser le bon sens ».
JJD (avec news.va)