L’Osservatore Romano, l’organe de presse du Vatican, critique vivement, dans un éditorial du 29 juillet 2012, le projet de la Fondation Bill & Melinda Gates de soutenir massivement les méthodes artificielles de contrôle des naissances dans les pays en développement. L’éditorialiste Giulia Galeotti regrette que la promotion de la contraception par moyens artificiels se fasse aux dépends des méthodes dites "naturelles", préconisées par l’Eglise catholique. Elle trace un parallèle entre cette affaire et celle du lait en poudre de Nestlé.
Lors d’une rencontre organisée le 11 juillet 2012 à Londres par la Fondation Bill et Melinda Gates, les Nations unies et le gouvernement britannique, la femme du fondateur de Microsoft, Melinda Gates, a annoncé qu’au cours des huit prochaines années, elle dépensera 450 millions d’euros pour rechercher de nouvelles techniques de contrôle des naissances, améliorer l’information sur la contraception et rendre disponibles des services et des instruments dans les pays les plus pauvres de la planète, l’Afrique en tête. Dans une interview au quotidien britannique "The Guardian", le même jour, Melinda Gates a prédit qu’avec son projet, les femmes d’Afrique ou d’Asie "feront comme les femmes d’Occident l’ont fait. Elles ignoreront les interdits de l’Eglise sur les méthodes artificielles de contrôle des naissances."
Giulia Galeotti (photo) estime dans son éditorial intitulé "Stéréotypes et déformations lorsque l’on parle de l’Eglise" que l’épouse du patron de Microsoft est "un peu hors sujet, et obnubilée par une mauvaise information et par les stéréotypes qui persistent à propos (de la doctrine de l’Eglise en matière de contraception)".
L’éditorialiste juge que l’Eglise ne fait qu’être "favorable à la régulation naturelle de la fertilité". Giulia Galeotti fait à cet effet l’éloge de la méthode de contraception Bom (Billings Ovulation Method), selon laquelle les femmes qui veulent éviter une grossesse doivent régler leur activité sexuelle en fonction de leurs périodes de fertilité. Une méthode à laquelle l’Eglise catholique est favorable, car "fondée sur l’écoute des indications et des messages fournis par le corps."
Giulia Galeotti pense que ce genre de méthodes est désavantagé au profit des méthodes artificielles, principalement parce que les méthodes naturelles sont gratuites et donc non- rentables, notamment pour les industries pharmaceutiques. Elle accuse ainsi cette sorte de "philanthropie" de "créer un besoin, au nom de la bienfaisance et en vue d’un gain important."
Finalement, elle met le projet de la Fondation Bill & Melinda Gates en parallèle avec l’affaire du lait en poudre qui avait mis Nestlé dans un grand embarras dans les années 70. La journaliste rappelle que la firme suisse "a fourni avec malice et de manière incorrecte aux femmes africaines du lait en poudre pour leurs nouveau-nés, à travers des échantillons gratuits qui durent le temps nécessaire pour que le lait naturel de la nouvelle mère cesse d’être produit, celles-ci étant alors obligées de l’acheter; à travers des campagnes publicitaires qui présentent l’allaitement au sein comme barbare et celui artificiel comme moderne et civil."
apic