Le pape Benoît XVI a nommé ce lundi 2 juillet 2012 l’évêque de Ratisbonne en Allemagne, Mgr Gerhard Ludwig Müller comme préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, afin de succéder au cardinal américain Levada, atteint par la limite d’âge. Le prélat allemand devient ainsi le n° 3 de la cité vaticane. Il aura 65 ans en fin d’année.
Mgr Müller est avant tout un brillant intellectuel. Doté d’un doctorat en théologie avec une thèse dirigée par le Professeur Cardinal Karl Lehmann sur le thème « L’Eglise et les sacrements dans le Christianisme sans religion», il fut ordonné prêtre en 1978, année durant laquelle il soutint sa thèse d’habilitation à Fribourg en Brisgau, toujours sous la direction du Professeur Cardinal Lehmann, sur « Communauté et vénération des Saints. Fondation historique de l’hagiologie ». Dès l’année suivante, on lui confie la Chaire de théologie dogmatique de la Ludwig-Maximilians-Universität à Munich, dont il est encore professeur honoraire. En 1986, il était à 38 ans l’un des plus jeunes professeurs de l’université de Munich.
Parallèlement, Mgr Müller fut professeur invité de nombreuses universités à travers le monde : de Cusco (Pérou) à Madrid (San Damaso), en passant par Philadelphie (USA), Kerala (Inde), Saint Jacques de Compostelle, Salamanque (Espagne), l’université du Latran (Rome), Lugano et Sao Paulo (Brésil). Dès 1986, à 38 ans, il fut l’un des plus jeunes enseignants de l’Université de Munich. Rapidement, il est nommé expert auprès de la commission doctrinale de l’épiscopat allemand, puis, à Rome à la Commission théologique internationale. Ses domaines de recherche de prédilection, le dialogue œcuménique, la conception chrétienne de la révélation, l’ecclésiologie, lui ont valu de nombreux doctorats honoris causa à travers le monde. Son ouvrage majeur, Théologie dogmatique catholique et ses 900 pages ont fait l’objet de sept éditions et de nombreuses traductions.
Proche de Benoït XVI
Le 24 novembre 2002, il prend la tête du diocèse de Regensburg (Ratisbonne) et en 2008, il crée dans son diocèse l’Institut Pape-Benoît-XVI avec l’objectif de publier les œuvres complètes du Cardinal Joseph Ratzinger, qui lui en a confié personnellement le soin. Ce qui lui vaut de très nombreuses rencontres particulières avec le pape. Il n’est donc pas étonnant de voir que le pape ait choisi ce compatriote, proche de lui, pour occuper l’un des postes-clés du Vatican. A quelques années d’intervalles, on constate que Mgr Müller suit en quelque sorte les pas du Cardinal Joseph Ratzinger, allemand lui aussi, qui a occupé cette fonction avant de devenir le souverain pontife actuel. Hasard ? « Les deux hommes se connaissent bien », écrit le correspondant du journal La Croix à Rome. Et la fonction de préfet de la CDF est un poste de confiance et très proche du pape.
Dossiers chauds sur la table
Mgr Müller reprendra donc les dossiers « chauds » de son prédécesseur, le cardinal Levada. A commencer par le dossier de l’éventuelle réintégration de la Fraternité Saint Pie X dans le giron de Rome. Nul doute que les observateurs seront attentifs à ces premiers actes, d’autant que Mgr Müller n’a guère eu de mots tendres pour les disciples de Mgr Lefèbvre. Lors de la levée de l’excommunication des quatre évêques traditionnalistes, en 2009, il a déclaré : « La levée de l’excommunication de ces quatre personnes n’a rien à voir avec une concession juridique en vue de l’accueil à des opposants au Concile ». Il avait même appelé à la réduction à l’état laïc de Mgr Williamson.
Il devra aussi gérer le dossier des religieuses américaines, durement tancées par le cardinal Levada, ainsi que l’harmonisation des pratiques épiscopales dans la lutte contre les abus sexuels commis par des clercs. Enfin, à la tête de la CDF, l’évêque allemand sera également l’un des hommes importants de l’Année de la Foi.
Jean-Jacques Durré