Dans une lettre ouverte, la Fédération des services d’aide aux justiciables de la Communauté française interpelle son ministre de tutelle, Évelyne Huytebroeck, sur la situation déplorable de nos prisons et demande à ce que des mesures novatrices, réfléchies et efficaces soient prises rapidement.
Visite des juges d’instruction à Forest, émeutes et prises d’otages, surpopulation dans plusieurs établissements, mouvements syndicaux, service minimum, actes de violence… Les événements qui ont agité le monde carcéral ces dernières semaines n’ont pas laissé indifférente la Fédération des services d’aide aux justiciables de la Communauté française. Chargée de tout ce qui touche au culturel, au social et au psychologique dans les prisons, celle-ci est effectivement bien placée pour constater la dégradation des conditions de détention dans notre pays. Elle partage d’ailleurs l’inquiétude de l’ancien bâtonnier Jean-Marie Dermargne pour qui « nos prisons se muent, peu à peu, en petits Buchenwald« .
« Déjà maintenant, la situation est explosive, mais qu’en sera-t-il dans cinq ou dix ans? » s’interroge-t-elle dans une lettre ouverte adressée à son ministre de tutelle, Évelyne Huytebroeck. « Jusqu’où faudra-t-il aller pour que la situation du monde carcéral conduise à prendre des mesures novatrices, réfléchies et efficaces? » La seule solution envisagée actuellement est la construction de nouveaux bâtiments. Or, l’ont sait très bien aujourd’hui qu’ajouter des cellules dans les prisons n’arrangera rien.
Une réforme en profondeur
Pour la Fédération des services d’aide aux justiciables, il est donc plus qu’urgent « d’ouvrir des débats sur la détention provisoire, sur la question des étrangers, sur l’exercice de l’autorité des établissements pénitentiaires, sur le rôle des syndicats, sur les conséquences des mesures judiciaires, entre autres celles qui concernent les tribunaux d’application des peines, sur les conditions d’accueil dans les centres d’hébergement et de soins, sur les mesures prises pour enrayer la progression des drogues, sur la présence de mineurs, sur le mal-être de tous, détenus et travailleurs, sur la dégradation des systèmes de sécurité et bien d’autres questionnements qui font qu’actuellement la gestion du monde carcéral échappe pour partie à toutes mesures ‘civilisatrices’« .
Les signataires de cette lettre ouverte sont bien conscients que ces questions sont difficiles à traiter et que l’on a pris beaucoup de retard dans ce domaine, mais il était impossible pour eux de continuer à se taire. Car si la situation est difficile à gérer pour les administrations concernées, « la réalité est plus lourde à supporter pour des humains, la plupart du temps les pauvres de notre société« .
Pascal ANDRÉ