La vie de Jean-Pierre Rorive est indissociable de Huy, cette ville fluviale, aux confins de la Hesbaye et du Condroz. L’auteur lui a consacré plusieurs livres, parmi lesquels « La vie d’une abbaye », fruit de 30 ans de recherche.
Jean-Pierre Rorive n’est pas l’homme d’une seule activité. À l’enseignement de l’histoire, il a ajouté des concerts de saxophone à travers le monde. 13 livres et 17 CD composent, à ce jour, sa biographie éclectique. Si l’écrivain a abandonné le saxophone, il se consacre encore à la musique, par l’intermédiaire de ses livres cette fois. Ainsi, il a publié une biographie sur le dinantais Adolphe Sax, le père du saxophone.
700 ans sous la loupe
Historien de profession et de cœur, Jean-Pierre Rorive n’hésite pas à étudier des époques différentes, de l’histoire de France à l’exposition de 1958. Il refuse de se cantonner à une période déterminée, puisque « la technique de l’histoire ne change pas« . La particularité de son dernier livre, « La vie d’une abbaye », est, sans conteste, le nombre d’années étudiées: l’histoire du Neufmoustier couvre sept siècles, depuis sa fondation qui remonterait à Pierre l’Ermite aux alentours de 1100, jusqu’à la dispersion du domaine abbatial en 1797.
Fasciné par ce lieu, Jean-Pierre Rorive a mené – durant 30 ans – une enquête policière sur fond historique, dépouillant des milliers de pages d’archives, dont 1500 chartes, pour écrire une compilation, qui déploie de nombreux thèmes, parmi lesquels la communauté religieuse, le domaine, sa formation, son patrimoine immobilier, une estimation de sa superficie, l’agriculture pratiquée, en ce compris le rendement des sols. La vie quotidienne n’est pas négligée, avec une description détaillée des vivres, tel le beurre (et son coût) ou les épices et les vins importés, sans oublier une mention de « pékèt », ce genièvre apprécié par les habitants de la principauté de Liège! De nombreuses photos, des gravures, des croquis complètent cet ouvrage qui se veut exhaustif, avec diverses annexes, parmi lesquelles un glossaire de termes dialectaux, un lexique, un index des noms propres… Les entrées sont multiples.
Aujourd’hui, les lieux sont quasiment abandonnés de l’attention publique. Situés dans un quartier citadin, ils sont devenus l’abri de passants désoeuvrés, au grand dam de leur défenseur, qui rêve de les voir réhabilités. Et Jean-Pierre Rorive de rappeler, avec fierté, que huit abbayes d’hommes et dix couvents de femmes étaient établi à Huy sous l’Ancien Régime, un véritable record! La ville mosane occupe évidemment une place de choix dans ses publications; il lui a déjà consacré d’autres livres: « L’enfer d’une ville au siècle de Louis XIV », en 1991 et, sept ans plus tard, » La guerre de siège sous Louis XIV. En Europe et à Huy ».
Les enseignants, des passeurs
Aux plus jeunes, le jeune retraité conseille de choisir les études qu’ils aiment, une priorité qu’il a fait sienne tout au long de sa carrière. « Transmettre le goût du beau« , voilà une des missions de l’enseignant, estime-t-il, lui qui se souvient des projections d’architecture mosane dans des classes enthousiastes. Pour preuve, un ancien élève venu l’accoster durant notre entretien sur la Grand’Place de Huy. Les souvenirs motivent bien des rencontres!
D’autres projets sont en cours, parmi lesquels un livre sur l’enfance et la jeunesse des rois de France, Louis XIII et Louis XIV. Entre Ostende, où il séjourne régulièrement, Liège, où il habite, et Huy, sa ville d’enfance, Jean-Pierre Rorive sillonne les routes, au gré de ses recherches.
Angélique TASIAUX
Jean-Pierre RORIVE, « La vie d’une abbaye ». Éditions Jourdan, 2011, 511 p., 31,75 € (port compris, au compte 732-7032002-38 IBAN BE24 7327 0320 0238 – BIC CREGBEBB de Dimanche Service, 67/2, chaussée de Bruxelles, 1300 Wavre).
