Deux nouveaux docteurs en théologie en Brabant wallon


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Deux nouveaux docteurs en théologie en Brabant wallon
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
4 min

UCL_FacTheologieCatherine Chevalier, formatrice au Centre Universitaire de théologie pratique de la faculté de théologie (UCL) et déléguée vicariale pour la formation au Brabant wallon, et Christophe Herinckx, directeur de la Fondation Saint-Paul, ont présenté à huit jours d’intervalles leur thèse de doctorat en théologie. La première à Paris, le second à l’UCL.

Le 15 juin dernier, Catherine Chevalier défendait à l’Institut catholique de Paris une thèse de doctorat en théologie préparée en cotutelle avec l’UCL. Intitulé « Enjeux théologiques des parcours de formation de laïcs à la responsabilité ecclésiale. Analyse des parcours proposés par la Formation des Responsables de l’Ecole Cathédrale (Paris) et l’Institut de théologie pratique de l’Université Catholique de l’Ouest (Angers) » thème qui peu paraître austère – de l’avis des personnes assistant à la présentation, le cheminement dans lequel furent conduits le jury et le public se révéla passionnant. « S’appuyant sur une analyse de deux parcours de formations proposés aux laïcs, sur leurs présupposés et leurs objectifs, le propos fit apparaître des enjeux vraiment actuels et présents dans des sphères ecclésiales bien plus larges. La recherche met à jour des oppositions entre doctrine et expérience, entre institution et individu ; or ces oppositions peuvent être lues comme l’expression d’une aspiration de notre temps : la quête d’un nouveau rapport, moins théorique et plus relationnel, au savoir, et en l’occurrence au savoir théologique. « Au-delà d’un souci de transmettre des contenus de foi objectifs, au-delà également d’un souhait de former des acteurs pastoraux aptes à la mission, il faut faire place dans un itinéraire de formation à l’expérience des personnes qui s’y engagent : tout approfondissement de la foi ne doit-il pas aider chaque homme, chaque femme à se comprendre et à se construire comme croyant ? Aujourd’hui, on imagine difficilement que la foi ne soit qu’un savoir : elle est aussi, voire d’abord, entrée en relation avec le mystère de Dieu », précise l’Abbé Eric Mattheeuws, qui assistait à cette présentation. Et d’ajouter : « Les auditeurs de la leçon doctorale de Catherine Chevalier ont découvert un bel exemple de ce que peut être la fécondité d’un travail de théologien : aider l’étude de la foi, la vie de l’Église et l’expérience des croyants à rester en dialogue, pour progresser l’une par l’autre ».

Karl Rahner : un théologien complexe

Une semaine plus tard, le 22 juin, c’était au tour de Christophe Herinckx, défendait à l’Université catholique de Louvain sa thèse intitulée « Karl Rahner : une herméneutique de la Révélation ». Pour bien des auditeurs, la présentation et l’échange avec les membres du jury qui a suivi sont apparus complexes car les écrits théologiques de Karl Rahner ne sont pas à la portée du premier venu. « Pourtant, cette thèse mérite un temps d’arrêt car elle n’est pas sans lien avec la réception du Concile Vatican II. Karl Rahner a plaidé pour que la théologie dogmatique opère un tournant anthropologique, c’est-à-dire qu’elle repense la révélation chrétienne en la mettant à la portée de son destinataire, l’homme. Ce projet théologique, très bien reçu dans les années postconciliaires, a été par la suite questionné sous prétexte qu’il faisait la part trop belle à la perspective subjective ; cette réaction a été formulée par le théologien Hans Urs von Balthasar qui a reproché à Rahner de dissoudre la transcendance de la révélation », souligne Catherine Chevalier qui assistait à cette présentation. Selon elle, l’enjeu de la thèse du directeur de la Fondation Saint-Paul est de contester ce reproche. « Sa lecture de Rahner lui permet de dire que ce dernier ne fait pas dépendre le contenu de la révélation de sa compréhension du sujet et qu’il en respecte l’altérité. Mais son approche anthropologique contribue à éclairer et à expliciter certains aspects du contenu de la foi chrétienne en fonction de l’avènement du sujet ».

En quoi cette thèse éclaire-t-elle la réception du Concile, 50 ans après sa célébration ? s’interroge Catherine Chevalier. Et de répondre : « Elle invite à réexaminer avec justesse les contributions des différents acteurs du débat postconciliaire, en dépassant les oppositions parfois trop idéologiques pour conjuguer ce que chacun apporte d’irremplaçable à ce débat. Ainsi on gagne à articuler l’approche anthropologique avec l’approche théologale tout comme à dépasser l’opposition entre doctrine et expérience, au service de l’annonce de la foi comme un mystère qui fait vivre. Voilà des enjeux importants pour que la Bonne nouvelle puisse rejoindre le cœur de nos contemporains, ce à quoi travaille la Fondation Saint-Paul ! ».

JJD (avec C.C. et E.M)

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