Le Conseil national de transition (CNT), au pouvoir en Libye, a adopté une loi sur les partis politiques. Celle-ci interdit notamment les formations politiques fondées sur des considérations religieuses ou tribales. Pendant les décennies du règne de Mouammar Kadhafi, renversé par la rébellion libyenne et tué en octobre dernier, tout type d’organisation à but politique était banni en Libye. La nouvelle loi sur les partis politiques est donc la première du genre depuis 1964.
Alors que d’aucuns craignaient une constitution basée sur la charia, comme l’avait laissé entendre le CNT, il semble que la nouvelle loi régissant la vie politique libyenne soit plu stricte à l’égard des formations confessionnelles ou tribales. Selon Moustapha Landi, membre du Conseil national de transition, « une condition essentielle pour la formation des partis est qu’ils ne doivent pas être fondés sur des considérations régionales, tribales ou religieuses, qu’ils ne soient pas le prolongement de partis à l’étranger et qu’ils ne soient pas financés par l’étranger ». Un autre membre du CNT a indiqué que « cette loi ne vise pas les islamistes modérés, mais exclut les islamistes radicaux qui suivent une politique d’exclusion des autres ». La loi adoptée exige un minimum de 250 membres fondateurs pour chaque parti créé et une centaine de membres pour toute autre « entité politique », a-t-il ajouté sans autre précision.
Le 11 avril, la Commission électorale libyenne avait appelé à l’adoption au plus vite d’une législation sur la formation des partis politiques afin que les élections de l’Assemblée constituante, prévues en juin, puissent avoir lieu dans les temps. Si aucune loi ne régissait la création des partis politiques dans la nouvelle Libye, les nouvelles formations se sont multipliées depuis la chute du régime du colonel Kadhafi dans le but de participer à l’élection de l’Assemblée constituante.
Le CNT avait abrogé début janvier une loi datant de 1972 criminalisant toute organisation politique. Depuis le début du « printemps arabe », les islamistes ont été les grands vainqueurs des élections, en particulier en Tunisie et en Egypte, les deux pays méditerranéens qui encadrent la Libye, où un résultat similaire est attendu en juin lors de l’élection d’une assemblée constituante.
Les Frères musulmans libyens, qui représentent jusqu’ici la principale force politique, avaient annoncé leur intention de ne pas participer directement à la vie politique en Libye et d’axer leurs activités sur le social, appelant toutefois leurs membres à créer des partis. Ainsi, un représentant de la Confrérie avait été élu début mars à la tête du Parti de la Justice et de la construction prônant un « islam modéré ».
JJD (avec Afp)