En Turquie, la restitution des biens religieux est en route


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En Turquie, la restitution des biens religieux est en route
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
2 min

Le processus de restitution de biens confisqués par l’État turc aux communautés religieuses dans les années 1920-1940 vient de franchir un nouveau cap. Le gouvernement a annoncé la remise au Patriarcat œcuménique de Constantinople de deux biens importants. Mais la réouverture du séminaire de Halki à nouveau remise en cause.

Le processus de restitution de biens des communautés religieuses confisqués par l’Etat turc dans les années 1920-1940 a abouti à de premiers résultats: la remise au Patriarcat œcuménique de Constantinople de l’orphelinat de l’île de Büyükada (Principo), qui doit devenir le siège d’une fondation internationale pour le respect de la création, et du gymnase de Galata, à Istanbul.

Ce geste marque-t-il une avancée pour la restitution du séminaire de Halki, près d’Istanbul ? Maintes fois annoncée, sans cesse ajournée, la réouverture de ce séminaire, enjeu crucial pour l’avenir de l’orthodoxie en Turquie, demeure à ce jour incertaine: selon une information communiquée par l’agence ENI, le gouvernement turc souhaite en effet "conditionner" cette autorisation à des concessions similaires à l’égard des musulmans en Grèce voisine.

Une décision incompréhensible

Porte-parole du Patriarcat œcuménique de Constantinople, le P. Dositheos juge cette exigence invraisemblable: "Je ne comprends pas quel rapport il peut y avoir avec ce qui se décide en Grèce, un pays avec lequel nous n’avons rien à faire", s’insurge-t-il, estimant que "la question du séminaire de Halki doit être résolue entre le Patriarcat, Ankara et l’Union européenne".

Les États-Unis, tout comme l’Union européenne, demandent depuis longtemps la réouverture de ce séminaire. Des responsables turcs s’y déclarent régulièrement favorables, tout en invoquant des problèmes de procédure pour en ralentir le processus, l’établissement ne correspondant à aucune catégorie dans le système d’enseignement turc. Le gouvernement islamiste modéré d’Erdogan passe néanmoins pour être favorable au respect du droit des minorités religieuses, condition essentielle pour une éventuelle adhésion de la Turquie à l’Union européenne.

Procédures en cours

Pour info, le Patriarcat œcuménique a engagé aussi des procédures pour la restitution de trois églises historiques d’Istanbul, dont la célèbre "Panagia Kafatiani" (Notre-Dame de Caffa) de Galata. Ces trois édifices, confisqués par le gouvernement en 1924, avaient été remis au "Patriarcat turc-orthodoxe" créé par le régime kémaliste en opposition au patriarcat œcuménique. Cette petite Église dissidente ne s’est jamais développée se limitant bientôt à la famille de son patriarche, Eftim Ier, un moine venu de Cappadoce, mais elle subsiste toujours.

PA/Apic/La Croix

Photo: l’orphelinat de l’île de Büyükada


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