Il y a 1700 ans, l’empereur Constantin se convertissait au christianisme. Pour plusieurs historiens, cette conversion a marqué les origines de la géographie européenne jusqu’à nos jours. Le Comité pontifical des sciences historiques s’attachera du 18 au 20 avril à résoudre les nombreuses questions posées au cours de ces années cruciales pour l’avenir du Vieux continent.
L’histoire raconte que l’empereur Constantin, à la tête de ses troupes, vit dans le ciel une croix lumineuse, avec l’inscription : « Par ce signe, tu vaincras ». Encouragé par cette vision, il vaincra effectivement son rival Maxence, sur le Pont Milvius, au nord de Rome. Et choisira d’adopter le christianisme comme religion.
Le mardi 17 avril s’est déroulée à la salle de presse du Saint-Siège la Conférence de présentation de ce congrès international d’études baptisé « Constantin le Grand. Aux racines de l’Europe », organisé par le Comité pontifical des sciences historiques, à l’occasion du 1700e anniversaire de la bataille de Ponte Milvio et de la conversion de Constantin. Les travaux, qui se dérouleront du 18 au 20 avril dans plusieurs lieux (dans la Cité du Vatican, dans la salle du synode et au collège teutonique, et à l’Université pontificale du Latran), ont été présentés par le P. Bernard Ardura, président du Comité pontifical des sciences historiques.
Trois jours d’échanges entre experts sur l’un des personnages clés de l’histoire occidentale serviront à faire un point sur les études accomplies. A partir de l’intervention du recteur de l’Université pontificale du Latran, Mgr Enrico Dal Covolo, dans laquelle il affirme que ce que l’on appelle le « tournant constantinien », avec ses immenses conséquences, « fut anticipé de plus d’un siècle par rapport à la politique religieuse de Commode et des Sévères » et qui identifia le « tournant » historique fondamental – celui qui inaugurait les nouveaux rapports entre l’Eglise et l’empire – « dans la conversion de l’empereur en 312 et de la publication de l’édit de Milan de 313. Ainsi, au début du IVe siècle, a eu lieu l’une des révolutions les plus importantes que l’Eglise ait jamais connues: ignorée et persécutée au cours de la période précédente, de façon presque soudaine, elle acquiert une totale liberté, allant jusqu’à jouir de privilèges toujours plus grands sous la » direction » et la » bienveillance prévoyante » de Constantin et de ses successeurs ».
Une des questions posées par l’un des experts, Claire Sotinel, membre de l’École française de Rome, est de savoir si Constantin s’est sincèrement converti en 312, ou bien s’il s’agissait d’une manœuvre politique ? « Quel fut l’impact de ce geste sur les autres religions, notamment la religion officielle de Rome ? À quel point les nouvelles relations entre les évêques et le pouvoir impérial vont-elles changer le rôle de l’Église dans la vie publique ? », s’interroge Mme Sotinel.
De son côté, Giovanni Maria Vian, directeur de L’Osservatore Romano, le quotidien édité par le Saint-Siège, par ailleurs historien spécialiste de la période, rappelle que Constantin n’a été baptisé qu’à sa mort, et par un évêque arien. Mais il se souvient que le cardinal français Jean Daniélou voyait dans la conversion de l’empereur, « non pas un choix de pouvoir, mais une ouverture qui a rendu l’Évangile accessible à tous ».
Les quinze intervenants, venus du monde entier, s’attacheront à éclairer divers aspects du contexte constantinien : état des communautés chrétiennes au IVe siècle, symboles marquants du discours constantinien, l’éducation du futur empereur, les témoignages numismatiques, la liberté religieuse selon Constantin.
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