Arrivé du Mexique en milieu d’après-midi, 14 ans après la visite historique de Jean-Paul II, le pape a donc foulé le sol cubain ce lundi 26 mars. Il y a célébré la messe depuis un grand podium en bois surmonté d’un chapiteau face à une foule priante et enthousiaste. Dès ses premiers pas sur le tarmac de l’aéroport de Santiago de Cuba, Benoît XVI a exprimé son soutien aux prisonniers politiques détenus sur l’île. Il a rappelé « l’empreinte indélébile » laissée par son prédécesseur qui avait marqué d’une pierre blanche les relations entre l’Eglise et l’Etat cubain.
Une éthique authentique de la personne humaine
Dès son arrivée Benoît XVI assuré que la mission de l’Eglise était d’ouvrir le monde à quelque chose de plus grand que lui-même, il a appelé les Cubains à « élargir leurs horizons » et à opter pour « une éthique qui place en son centre la personne humaine et qui prenne en compte ses exigences les plus authentiques, en particulier sa dimension spirituelle et religieuse ». Benoît XVI a invité les catholiques cubains à accepter « avec patience et foi n’importe quelle contrariété ou affliction ». « L’obéissance dans la foi est la vraie liberté », a encore affirmé le pape à ce peuple épris de liberté, invitant les croyants à suivre le Christ sans peur et sans complexe, à donner un nouvel élan à leur foi.
Le souvenir de Jean-Paul II
Cette notion d’ouverture mise en avant par Benoît XVI était déjà présente dans un célèbre discours prononcé 14 ans plus tôt par son prédécesseur qui déclarait : « Cuba doit s’ouvrir au monde et le monde doit se rapprocher de Cuba ». Le souvenir de la visite historique de Jean-Paul II à Cuba, du 21 au 26 janvier 1998, devrait marquer en effet les trois jours que le pape passera sur l’île. Quelques minutes à peine après être descendu de l’avion à l’aéroport de Santiago, le pape allemand a d’ailleurs dressé un portrait élogieux de son prédécesseur, » Pour beaucoup, a affirmé Benoît XVI, croyants ou non, l’exemple et les enseignements de Jean-Paul II sont « un guide lumineux qui les oriente aussi bien dans leur vie personnelle que dans leur action publique au service du bien commun de la nation ». Comparant le passage à travers l’île du pape polonais à « une brise suave d’air frais qui a donné une nouvelle vigueur à l’Eglise à Cuba ». La visite de Jean-Paul II à Cuba a permis d’inaugurer « une nouvelle étape dans les relations entre l’Eglise et l’Etat cubain, avec un esprit de meilleure collaboration et confiance », a souligné le pape, regrettant toutefois que « de nombreux aspects dans lesquels on peut et l’on doit avancer demeurent encore », comme « l’apport imprescriptible que la religion est appelée à développer dans le domaine public de la société ».
Soutien aux prisonniers politiques
Interlocuteur fréquent et critique du régime castriste, l’Eglise catholique de Cuba s’est récemment attachée, avec succès, à faire libérer des prisonniers politiques. Dans le discours qu’il a prononcé dès son arrivée sur l’île, le pape n’a d’ailleurs pas manqué d’assurer ces derniers de son soutien. « Je porte dans mon cœur les justes aspirations et les désirs légitimes de tous les Cubains, leurs souffrances et leurs joies, leurs préoccupations et leurs souhaits les plus nobles », a-t-il affirmé, en évoquant de manière spéciale le cas des prisonniers et de leurs familles.
Photo : la pape accueilli par Raúl Castro © Kerknet/Sir/SG
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