La disparition d’objets d’art dans les lieux de cultes sont malheureusement monnaie courante là où frappent la crise économique ou le défaut de prévoyance. Qu’il s’agisse d’escroquerie pure et simple ou d’une vente mue par une bonne intention, dans tous les cas, vol ou vente sont des délits.
Le diocèse de Liège épingle sur son site le vol récent d’un encadrement datant du 18ème siècle, il s’agit d’un ancien horaire des messes (photo) accroché à la collégiale Saint-Barthélemy. Une annonce qui devrait alerter les amateurs d’antiquités, puisque ce bien risque d’atterrir sur les étals des brocantes régionales. « Il ne s’agit pourtant pas d’un objet qui ait une grande valeur marchande » commente Marylène Laffineur. « Mais il n’était pas fixé, simplement accroché, donc facile à emporter« .
Un vol qui n’a rien à voir avec les meubles et tableaux cédés à un brocanteur par un curé du diocèse de Liège, qui les a ensuite placés à l’Hôtel de Vente mosan. Heureusement une plainte à été déposée pour éviter une vente cataloguée. Pour Marylène Laffineur de telles pratiques sont interdites, « toute vente d’objet religieux appartenant à un édifice tel que église, chapelle…. appartient au patrimoine public et ne peut donc être vendu sans l’autorisation des pouvoirs de tutelle, c’est-à-dire dans le cas présent le ministre da la région wallonne« .
Ancienne responsable du Service de Patrimoine de l’Evêché de Liège, Marylène Laffineur s’appuie sur la législation qui régit les Fabriques d’églises, notamment sur deux dispositions particulièrement importantes et toujours d’application : l’une d’elles remonte à un article du décret impérial du 30 décembre 1809, qui oblige les autorités fabriciennes à actualiser chaque année l’inventaire des biens mobiliers. Une autre se fonde sur l’arrêté royal du 16 août 1824, qui défend de détacher, emporter ou aliéner aucune œuvre d’art placée dans une église (paroissiale ou cathédrale), sauf autorisation du ministre responsable. Conclusion : les objets d’art appartenant aux édifices religieux publics sont inaliénables et imprescriptibles. Une obligation qui ne vaut que pour les biens publics. Les congrégations religieuses, elles, ne sont pas tenues aux mêmes devoirs puisque dans leur cas il s’agit de biens privés.
Bernadette Lennerts