Après le salésien italien Enrico dal Covolo en 2010 et le carme français François-Marie Léthel en 2011, Benoît XVI a choisi e faire appel à un cardinal africain pour prêcher les exercices spirituels de Carême de la curie romaine du 26 février au 3 mars 2012. Le choix de Mgr Monsengwo, Archevêque de Kinshasa, n’est pas anodin : il est un signe clair adressé à l’Afrique et aux Congolais.
Le cardinal congolais Laurent Monsengwo Pasinya est une figure emblématique de l’épiscopat africain, mais il est surtout aussi profondément engagé dans le processus électoral de son pays, la République démocratique du Congo. Récemment, à l’issue du scrutin présidentiel qui a vu la réélection du Président sortant Joseph Kabila, il n’avait pas hésité à déclarer que « le résultat officiel n’étaient pas conformes ni à la vérité; ni à la justice », déclenchant une vive polémique qui lui a valu même des injures, tandis que se développait en sous-main, un bras de fer entre les églises congolaises catholique et protestante. Rappelons, que le Président de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), chargée d’organiser les élections, est présidée par le pasteur Daniel ngoy Mulunda. En portant son choix sur Mgr Monsengwo, le Vatican indique qu’il soutient le prélat.
Une reconnaissance pour l’Afrique
Au-delà de ces considérations purement congolaises, le choix d’un prélat africain est un signe évident de la place de ce continent dans l’Eglise. Déjà en 2009, Benoît XVI avait porté son choix sur le cardinal nigérian Francis Arinze, ancien préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements. L’Afrique est le continent qui connaît la plus forte croissance de catholiques. Jean-Paul II y a voyagé 40 fois. Au début de son pontificat, en 1978, le continent africain comptait 50 millions de baptisés catholiques. A son décès en 2005, ils étaient 153,4 millions, soit 17,1 % de la population africaine totale. De même, au cours, de ces deux dernières années, le nombre de baptisés catholiques s’est accru de 3,1 % à comparer avec une croissance de la population de 2,5 %. C’est aussi sur ce continent que le nombre de prêtres et de séminaristes augmente le plus vite.
En choisissant Mgr Laurent Monsengwo, le pape porte aussi son attention à un homme d’Eglise qui est docteur en sciences bibliques et qui est le premier Africain à avoir été secrétaire spécial d’un Synode des évêques, en l’occurrence celui de 2008 sur la Parole de Dieu.
Le cardinal Laurent Monsengwo Pasinya est aujourd’hui âgé de 72 ans. Né en 1939 dans ce qui était alors le Congo belge, Laurent Monsengwo a été ordonné prêtre en décembre 1963. Premier africain à obtenir son doctorat à l’Institut biblique pontifical de Rome (Italie) en 1970, il est nommé évêque en février 1980 puis ordonné des mains mêmes de Jean-Paul II (1978-2005) en visite à Kinshasa en mai suivant. Evêque auxiliaire d’Inongo, il est nommé en avril 1981 évêque auxiliaire du diocèse de Kisangani, dont il devient archevêque en 1988. De 1984 à 1992, Mgr Monsengwo est président de la Conférence épiscopale du Zaïre (le nom du pays de 1971 à 1997). Nommé archevêque de Kinshasa en 2007, il a été créé cardinal le 20 octobre 2010 par Benoît XVI et préside actuellement la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), il est également co-président de Pax Christi International.
Connu pour son engagement en politique, le cardinal Monsengwo est un ardent défenseur du continent africain et de son pays. Il n’a pas hésité à s’exprimer à plusieurs reprises contre les dirigeants politiques, appelant à la démocratie et à la justice.
(apic/imedia/la croix/jjd)