Un pasteur à la tête de l’Allemagne ?


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Un pasteur à la tête de l’Allemagne ?
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
2 min

C’est finalement le pasteur protestant Joachim Gauck qui devrait devenir le prochain président de la République fédérale d’Allemagne, après la démission de Christian Wulff, pris dans un scandale financier. Si la fonction est honorifique, elle incarne avant tout une forme d'autorité et de conscience morales. La désignation de cet homme de 72 ans est un peu une revanche par rapport à l’élection de 2010 et surtout un revers pour la chancelière Angela Merkel.

En Allemagne, le président de la République est élu par un collège de 1 240 grands électeurs composé des députés du Bundestag et d'un nombre équivalent de représentants des seize Länder qui forment le pays. Si l’on parle de revanche, c’est parce que la candidature du pasteur Gauck avait été présentée en juin 2010 par le SPD (sociaux-démocrates) et par les Verts, sans succès en raison de la volonté affirmée de Mme Merkel et de son parti, la CDU/CSU, de soutenir Christian Wulff. Si l’élection est prévue pour le 18 mars, la chancelière allemande a annoncé ce week-end que le gouvernement et l'opposition étaient parvenus à un accord sur la candidature de M. Gauck à la présidence de la république fédérale. Le nom du pasteur et ancien militant des droits de l'homme d'Allemagne de l'Est (ex-RDA) a été présenté par l'opposition sociale-démocrate (SPD). Il est soutenu par les Verts. Mais, le ralliement à cette candidature du partenaire gouvernemental de la CDU, le parti libéral FPD, aurait suscité une vive colère de la chancelière, dit-on dans les milieux informés, dans la mesure où Mme Merkel jugerait le pasteur Gauck, qui n’est affilié à aucun parti, « incontrôlable et trop populaire ».

Né en 1940, à Rostock, en Mecklembourg-Poméranie occidentale, étudiant la théologie de 1958 à 1965, le pasteur luthérien s’est opposé au régime communiste de la République démocratique d’Allemagne (DDR). En 1989, les mouvements de protestations, qui aboutiront à la chute du mur de Berlin, ont été largement soutenus par l’Église protestante. Joachim Gauk devient alors cofondateur et porte-parole du Nouveau forum à Rostock. De mars à octobre 1990, il préside la Commission chargée de la dissolution du Service de la sécurité intérieur (« Stasi »). Le pasteur Gauk devient également président de l’association « Contre l’oubli – Pour la démocratie » et après la réunification de l’Allemagne, il continue, de 1990 à 2000, à être le commissaire des Archives de la Stasi et organise leur accès au public, en ce compris les victimes elles-mêmes et les chercheurs.

Le futur président jouit d’une forte popularité en Allemagne. Selon un sondage récent, 54 % des Allemands souhaitent le voir occuper cette fonction.

JJD

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