Sur le chemin de Damas


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Sur le chemin de Damas
Par La rédaction
Publié le - Modifié le
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C'est un chemin non pas de traverse, mais buissonnier, où se mêlent intimement les gazouillis de trois enfants, les câlins félins de Petit noir, de Baptiste ou de Mickey et les quelques notes pianotées par un mari musicien. C'est un chemin pavé de mots clamés sur une scène de théâtre ou couchés sur une page blanche. C'est le chemin de vie et d'écriture de Geneviève Damas qui a reçu le prix Rossel 2011 pour son premier roman "Si tu passes la rivière".

Si vous avez, un jour, croisé la route de Geneviève Damas, que ce soit au théâtre ou lors de ses soirées musico-littéraires "Portées-Portraits", vous avez, certainement, été saisi par la spontanéité, la simplicité et la sincérité qui émanent de cette quarantenaire au physique d'éternelle adolescente. Sans conteste, ces traits de caractère-là se retrouvent dans sa plume.
Geneviève n'est pas tombée dans la marmite de l'écriture quand elle était petite, mais l'écriture s'est vite imposée à elle, tout naturellement, et aujourd'hui, elle constitue le noyau de sa vie professionnelle. Après une licence en Droit à l’université de Louvain, Geneviève Damas suit une formation de comédienne à l’IAD, l'Institut des Arts de Diffusion. Son parcours théâtral est loin d'être uniforme, car Geneviève aime toucher à tout. Elle fonde une compagnie de théâtre, l'Albertine, joue et met en scène des spectacles pour adultes et pour enfants, organise des ateliers d'écriture, et bien d'autres choses encore dans le but de stimuler le goût de la littérature chez tout un chacun. "Dans l'écriture", explique la jeune femme, "il est essentiel de faire passer des émotions et des questions, pas de donner des réponses ou d'assener des vérités. Il faut rendre le lecteur actif et lui faire entamer un voyage. J'ai de magnifiques souvenirs de voyages à travers les livres de mon enfance."

La grande amie des mots
Comme le héros de son roman, François Sorrente, qui devient petit à petit l'ami des mots et peut ainsi faire face à son histoire, Geneviève Damas pratique l'écriture comme elle pratique le théâtre, grâce aux mots qui l'habitent. "Les mots permettent de nommer le réel tout en le tenant à distance pour ne pas se faire étouffer par lui. Le mot 'mort', par exemple, est moins dur que la mort elle-même et permet de la relativiser. Les mots nous permettent de communiquer, de dire ce qui est difficile. Ce sont des outils formidables si nous savons les apprivoiser; des outils pour créer, faire des choses ensemble et aller au-delà des pulsions."

Quant aux histoires racontées par l'auteure, elles partent souvent d'une phrase ressassée dans sa tête. De cette phrase, longtemps mâchée et remâchée, naissent des personnages tels que Molly ou François; des personnages souvent peu gâtés par la vie, mais qui savent se battre pour rebondir, et qui finalement, sont récompensés de leurs efforts. En effet, le thème de la résilience est récurrent dans les productions de Geneviève Damas. Peu de cartes en main, mais un jeu qui en vaut la chandelle, tout compte fait.

Le Rossel, inattendu
"Tu n'as aucune chance". C'est en ces termes que son éditrice, Luce Wilquin, annonce à Geneviève Damas qu'elle a proposé son roman pour le prix Rossel 2011. Quel ne fut pas l'étonnement de l'auteure bruxelloise qui se voit alors décerner ce que l'on appelle le Goncourt belge. "Il faut être à la hauteur maintenant, car le Rossel n'est pas un aboutissement, c'est un départ", dit modestement Geneviève. "La suite des événements, c'est une commande du Théâtre Le Public: 'Paix nationale'. Une pièce que j'ai écrite et dans laquelle je jouerai un rôle. J'ai commencé également un deuxième roman. Je ne sais pas s'il verra le jour ou s'il finira à la poubelle; on verra… Et puis, il y a tout le reste: les courses, les enfants, les repas, les chats… tout ce qui fait ma vie et mes réservoirs d'écriture."

Sylviane BIGARÉ

"Si tu passes la rivière"
L'interdiction de passer la rivière a régi toute la jeunesse de François Sorrente. À 17 ans, celui qui n'a qu'une truie à qui se confier, décide de braver l'autorité du père et les moqueries de ses frères pour rechercher ses racines, comprendre le départ de sa sœur et l'absence de sa mère. C'est dans ce but qu'il décide d'apprendre à lire avec l'aide du curé du village. Grâce aux mots, la vie de François va prendre un nouvel essor, si intense, que le jeune homme réussira à dépasser l'interdit et tous les secrets qu'il recèle.
"Si tu passes la rivière" est paru aux éditions Luce Wilquin.

Ecoutez l'intégralité de l'interview de Geneviève Damas:

Catégorie : Culture

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