La vie médiatique est ainsi faite : les troubles suscités par la réélection du Président Kabila à la tête de l’Etat congolais ne font plus la « une » de la presse, du moins en Europe. Aujourd’hui, ce sont les résultats du scrutin législatif qui provoquent des protestations en République Démocratique du Congo. La Ligue des Familles Congolaises (Lifaco) vient de lancer un appel à l’Eglise de Belgique et aux catholiques pour soutenir leurs revendications en termes de transparence des résultats.
Ce n’est pas la première fois que des catholiques congolais lancent un cri d’alarme (ou d’espoir ?) envers la Belgique. Lorsque le cardinal-archevêque de Kinshasa, Mgr Laurent Monsengwo, avait déclaré, à propos des résultats du scrutin présidentiel, que « le résultat n’était pas conforme à, la vérité », il avait fait l’objet de vives critiques de la part des partisans du président Joseph Kabila. Et des catholiques congolais ou belges d’origine congolaise s’étaient mobilisés pour dénoncer les injures proférées à l’égard du prélat.
Aujourd’hui, c’est la Ligue des Familles Congolaises qui appelle au dialogue et demande à la Belgique et à l’Eglise belge de prendre position. Cette association misait beaucoup sur la manifestation des chrétiens, prévue pour le 16 février, mais interdite par les autorités. Cette marche devait marquer le 20e anniversaire de la marche des chrétiens réprimée dans le sang par le pouvoir d’alors du maréchal Mobutu. Pour la Lifaco, la marche de cette année se voulait « pleine d’espoir, non-violente, en faveur de la démocratie au Congo et pour la recherche de la vérité et le respect pour cette dernière par rapport aux élections du 28 novembre 2011 ». Or, l’interdiction de la marche a été prise pour éviter tout débordement, pouvant provenir de groupes d’opposition affirmant que le seul « président élu » est l’éternel opposant Etienne Tshisekedi.
Revenant sur le résultat des élections, la ligue rappelle qu’il « il subsiste trop de doutes par rapport aux nombreux témoignages de dysfonctionnement voire de fraude dans l’organisation concrète de ces dernières élections ». Elle ajoute : « L’Eglise catholique du Congo et le peuple Congolais ont pu constater et signaler ces doutes, dysfonctionnements et fraudes électorales à l’opinion internationale mais celle-ci semble les ignorer jusqu’à présent ».
Et la Lifaco de terminer son appel en demandant « au peuple de Dieu en Belgique et à l’Eglise catholique en Belgique de se solidariser avec le peuple congolais ainsi que d’appuyer l’Eglise catholique au Congo pour former un front commun pour la nation congolaise ».
Nul doute à cet égard que le prochain déplacement de notre ministre des Affaires étrangères en RDC, prévu pour fin mars, retiendra l’attention de bon nombre d’observateurs, car la Belgique reste un partenaire important de la RDC. Même si les choses semblent établies pour la communauté internationale pour qui le président congolais est bel et bien Joseph Kabila. Un diplomate américain basé à Kinshasa a déclaré lors d’une conférence de presse : « La position des Etats-Unis est claire : nous reconnaissons Joseph Kabila comme Président de la République Démocratique du Congo pour les cinq années à venir. Nous espérons que les irrégularités constatées le 28 novembre 2011 seront évitées aux prochaines élections provinciales, locales et autres».
JJD