Editorial de Jean-Jacques Durré, directeur de rédaction des médias catholiques, paru dans le « Dimanche Express » du 25 décembre 2011 :
Noël est pour beaucoup un moment féérique auquel les illuminations et décorations contribuent. C’est aussi l’occasion de retrouvailles familiales et de joies. Pourtant, se limiter à ces seuls aspects nous paraît, pour nous chrétiens, réducteur. Comme l’a souligné le pape, « le bruit et l’agitation de la préparation de Noël n’empêchent pas de voir et de comprendre l’essentiel, à savoir que Dieu vient sauver son peuple ». « Et le Verbe s’est fait chair et Il a habité parmi nous », dit saint Jean au début de son Évangile. La foi chrétienne est fondée sur le Verbe incarné, Jésus-Christ. La naissance du Christ aurait pu paraître ordinaire, tout en étant évidemment joyeuse comme toute naissance. Elle a bouleversé la face du monde!
En ces jours où nous allons fêter la Nativité dans la joie, n’oublions pas que certains passeront ces moments dans la tristesse. Ayons une pensée pour les malades, ceux qui sont sans emploi, les sans-abri, dont on évite de croiser le regard parce qu’il nous dérange. Ceux qui, après la tuerie de Liège, vivront la fête dans un désarroi profond… Dans un monde où la violence reste hélas très présente, où l’individualisme a tendance à remplacer la solidarité, où la crise provoque des ruptures sociales et familiales, il est essentiel de replacer l’Amour apporté par le Christ au centre de nos vies. C’est le message de Noël.
Je vous livre un extrait d’un conte, écrit par le Père Christian, missionnaire au Brésil. Il raconte l’histoire d’une femme pauvre tenant son enfant dans les bras. Passant devant une caverne, elle entend une voix: « Entre et prends tout ce que tu désires, mais n’oublie pas le principal. Rappelle-toi seulement une chose: quand tu auras refermé la porte, ce sera pour toujours. N’oublie pas l’essentiel! » La femme entre avec l’enfant et se retrouve face à d’immenses richesses. Éblouie, elle dépose l’enfant par terre et remplit ses poches de bijoux, d’or… Heureuse, elle ressort et referme la porte… et s’aperçoit qu’elle a oublié son bébé!
La richesse matérielle dure peu, mais le désespoir dure toujours. Noël, c’est aussi l’occasion de faire notre bilan: ai-je mis le Christ au centre de ma vie? « Ce que vous faites au plus petit d’entre les miens… »
Une chanson populaire nous fredonne que « cet enfant sur la paille endormi, c’est l’Amour infini ». Ne l’oublions pas et sachons vivre le projet de Jésus. Ne laissons pas la porte se refermer sur l’essentiel.