L’affirmation, ces dix dernières années, d’une culture généralisée du conflit est l’un des effets les plus saillants de l’attaque contre les Tours Jumelles de New York, le 11 septembre 2001, a déclaré l’historien Andrea Riccardi, fondateur de la communauté de Sant’Egidio, en inaugurant le congrès : « Destinés à vivre ensemble. Religions et cultures en dialogue » dimanche 11 septembre, à Munich.
Cette culture généralisée du conflit, a-t-il dit, qui « semblait protéger », exprimait en fait « les peurs et les angoisses d’un monde globalisé, dépaysé, menacé de tous côtés ». C’est dans ce contexte que le dialogue « s’est révélé d’une naïveté dangereuse », la guerre « un outil pour affirmer le droit, se défendre, lutter contre le terrorisme ». « Tout comme l’esprit d’Assise, a poursuivi Andrea Riccardi, qui avait caractérisé la rencontre voulue par Jean-Paul II en 1986, pendant la guerre froide, parut une utopie, quand il convoqua les chefs religieux pour prier pour la paix, en insistant sur le lien entre les religions et la construction de la paix ».
Face à cette culture, il faut aujourd’hui un regain de volonté de la part de toutes les religions, un « nouveau souffle » qui, autour du mot « paix », ranime l’espérance et guide les consciences vers un destin commun. « Parler de paix aujourd’hui, en pleine crise économique, a reconnu le professeur Riccardi, semble un luxe ». Or, cela est une nécessité car à un moment où cette crise « effraie le monde », nous faisant courir le risque de « nous concentrer toujours plus sur nous-mêmes et sur nos sociétés, voire de renforcer nos antagonismes », redoubler d’efforts dans cette voie permet d’aspirer à plus de sécurité face au terrorisme, à « faire grandir la coexistence dans des villes chargées de tensions ». Pour l’Europe, a-t-il dit, le mot « paix » renvoie à une construction politique. Il signifie « s’unir » dans l’exercice d’une responsabilité commune dans le monde et dans les pays plus pauvres, libérés de la misère ».
Les paroles prononcées par le fondateur de Sant’Egidio étaient en parfait accord avec celles que la chancelière de la République fédérale d’Allemagne a dites après lui. Angela Merkel est intervenue à partir de sa propre histoire. « J’ai grandi en Allemagne de l’Est – a rappelé Angela Merkel – et le fait que je sois devenue chancelière prouve combien le monde a changé depuis la rencontre d’Assise de 1986 ». Cette rencontre « a porté des fruits importants d’espérance que nous, à l’est, nous avons vu de manière évidente avec ce qui est arrivé en 1989 ». « C’est à notre tour de faire grandir la maison commune européenne (…). Notre modèle européen de démocratie sociale est digne d’être conservé et beaucoup de religions dans le monde l’observent pour l’imiter ».
« Le monde – a affirmé Angela Merkel – ne peut plus être gouverné au niveau national mais au niveau mondial. C’est pour cela que l’ONU aura toujours plus d’importance », a-t-elle ajouté, même s’il est difficile « de mettre d’accord 194 pays dans le monde, c’est nécessaire ».
Il y a chez les hommes – a-t-elle ajouté – « un désir profond de paix et de liberté qui ne se laisse pas vaincre ». «Nous croyons que des solutions militaires sont parfois nécessaires pour résoudre des conflits mais qu’elles ne sont pas en mesure d’apporter la paix ». Si, en effet, « la guerre est la mère de toutes les pauvretés, la paix est la mère de tout développement ».
La Rencontre internationale et interreligieuse pour la paix de Sant’Egidio à Munich a débouché sur un message, un « Appel pour la paix », usant du dialogue comme arme contre la terreur. Le 13 septembre les responsables religieux ont appelé au dialogue entre les religions, vu comme « l’arme la plus intelligente et la plus pacifique ». 10 ans après les attentats terroristes du 11 septembre aux Etats-Unis, les chefs religieux fustigent ceux qui prêchent la terreur et utilisent la religion pour diffuser la haine et diviser le monde, appelant à mondialiser la justice. Au terme de ces trois jours de rencontres et de débats un message a été solennellement proclamé sur la Marienplatz de Munich. Ce message est un « Appel pour la paix ». Peu avant cet appel solennel, les participants de différentes religions avaient prié simultanément en divers lieux de la ville, puis s’étaient rendus en procession vers la Marienplatz. Ils y ont observé une minute de silence pour toutes les victimes des guerres, de la violence et du terrorisme à travers le monde.
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