Fondées à Paris, les Fraternités Monastiques de Jérusalem ont essaimé dans d'autres grandes villes dont Bruxelles où elles se sont établies en 2001. Leur vocation spécifique est de creuser dans le "désert des villes" des oasis de prière, de silence et de paix. Elles fêteront leurs 10 ans de présence à Bruxelles ce 4 septembre.
C'est à Pierre-Marie Delfieux que l'on doit l'idée de ces Fraternités. Après avoir été un observateur privilégié des événements de mai 68 - il était alors aumônier des étudiants de la Sorbonne! - le jeune prêtre demanda à son évêque de bien vouloir lui accorder un temps sabbatique pour faire une retraite dans le désert de l'Assekrem (en Algérie). Il vécut là-bas deux années d'une vie érémitique, dans le silence de la solitude et dans la prière. À son retour, écartant une fonction vicariale, le père Delfieux manifesta au cardinal Marty son souhait d'être moine... à Paris. Une idée pour le moins surprenante mais que l'ancien ermite argumente en expliquant que "le vrai désert, c'est la mégapole".
La première de ces Fraternités vit donc le jour à la Toussaint 1975, à Paris, dans l'église Saint-Gervais. D'autres seront fondées au fil des ans dans d'autres grandes villes de par le monde: Strasbourg (1995), Florence (1998), Montréal (2004), Rome (2006), Cologne (2009), Varsovie (2010)... Mais aussi, en raison des foules qu'attirent ces deux hauts lieux du patrimoine français, à Vézelay (1993) et au Mont-Saint-Michel (2001).
C'est également en 2001 que les Fraternités Monastiques de Jérusalem se sont installées à Bruxelles, faisant ainsi d'une pierre deux coups, à savoir au coeur d'une ville et au coeur de l'Europe. Mgr Danneels était le premier à souhaiter qu'une telle fondation voie le jour dans son archevêché. Cela prit un peu de temps: celui nécessaire à réunir les "pierres vivantes" (des frères et soeurs en nombre suffisant), à trouver deux maisons pour les héberger et une église pour y célébrer la liturgie trois fois par jour.
Saint-Gilles, multiculturelle
Cette église, c'est celle de Saint-Gilles, sur le parvis Saint-Gilles à ... Saint-Gilles! Un choix qui se rapproche au plus près du charisme spécifique de ces Fraternités. Saint-Gilles est en effet une ville multiculturelle. L'église rassemble d'ailleurs les communautés francophone, néerlandophone, hispanophone et lusophone. S'y côtoient également des personnes qui vivent dans des situations sociales très diverses. De fait, le parvis Saint-Gilles, c'est un peu la "Jérusalem céleste" où les moines et les moniales côtoient et rencontrent chaque jour "des hommes de toute race, langue, peuple et nations", mais aussi des hommes et des femmes de différentes religions et confessions.
Beauté de la liturgie
Le charisme de ces Fraternités met aussi l'accent sur la beauté de la liturgie. Dans "cette oasis de paix", chacun peut venir se ressourcer, trois fois par jour (le soir, au matin ou à midi), et échapper à la frénésie urbaine. À côté de cela les frères prêtres accueillent également qui le souhaite pour le sacrement de la réconciliation et l'accompagnement spirituel. Ils ont également mis en place un catéchuménat pour adultes, ainsi qu'une fraternité des jeunes, une fraternité évangélique et une fraternité de veilleurs pour pouvoir adorer le Saint Sacrement en dehors des offices.
Complètement insérés dans l'Église locale mais aussi dans la vie active (chacun travaille, à mi-temps le matin, dans divers endroits de la ville), ces frères et soeurs sont un visage moderne de la vie monastique.
Frère Pierre-Marie à Bruxelles
A l'occasion des festivités qui célèbreront ce 10e anniversaire, la communauté de Bruxelles accueillera le frère Pierre-Marie, fondateur des Fraternités Monastiques de Jérusalem, qui donnera, avec Mgr Danneels, un témoignage sur le thème "Prier dans la ville" le 4 septembre, à 14h30. Cette journée sera également marquée par une eucharistie, à 11h30, présidée par Mgr André-Joseph Léonard, à Saint-Gilles, suivie d'un buffet fraternel à l'Aegydium. A 17h, un pèlerinage à travers la ville conduira à la Cathédrale Saints-Michel-et-Gudule où des Vêpres solennelles seront présidées par Mgr Kockerols, évêque auxiliaire de Bruxelles. (Infos: 02/539.18.10 - 02/534.98.38)
P.GRANIER