Avec ses récentes ordinations d’évêques sans avoir reçu le consentement du Vatican, la Chine menace sérieusement un demi-siècle de dialogue patient, et le rapprochement lentement tissé risque bien d’être annihilé. C’est le constat que dresse le belge, le Père Jérôme Heyndrickx, spécialiste de la Chine, à la tête de la Fondation « Verbiest » de l’Université catholique de Louvain, dans le « Kerk en Leven » de cette semaine.
« Il ya un an, une douzaine d’évêques ont été ordonnés avec l’accord de Rome et de Pékin. Ce n’était plus arrivé depuis cinquante ans. Mais ce dialogue construit avec patience durant un demi-siècle, est désormais rompu. »
Les tensions entre le Vatican et la République Populaire de Chine ne sont pas nouvelles et ont abouti à une «Eglise souterraine», fidèle à Rome, et une Eglise « officielle » pro-gouvernement. Grâce à la lettre la Chine de 2007 dans laquelle Benoît XVI a appelé à l’unité et la réconciliation, un dialogue diplomatique s’était manifesté. Un accord sur la nomination des évêques était même très près d’aboutir.
«Mais en 2010, affirme le P. Jérôme Heyndrickx, les négociations, conduites par Mgr Parolin du Secrétariat d’État du Vatican, avaient été subitement bloquées. La raison n’en a jamais été divulguée. La Chine considère la Vatican comme « non fiable » et ordonne des candidats qui sont inacceptables pour Rome. De là les évêques chinois sont soumis à une forte pression: fidélité à Rome ou à l’Eglise officielle? Avec de telles tensions des gens commencent à s’opposer au dialogue avec Pékin ». Et le P. Jérôme Heyndrickx de poser la question : à qui reviendra l’autorité de l’Eglise en Chine à Rome ou à Pékin? »
Pour le père Heyndrickx, le dialogue entre le Vatican et le gouvernement chinois est l’œuvre de toute une vie. » Même s’il ya des partisans du dialogue tant à Pékin qu’à Rome, il semble peu probable qu’il soit repris prochainement. Les catholiques chinois, y compris chez les «officiels», sont plus favorables au pape que les européens. Pourtant, la situation actuelle les met dans la confusion. Comme point de départ, propose-t-il, nous devons revenir à la lettre du pape de 2007, qui est celle d’un plaidoyer pour l’unité et la réconciliation. »
Photo : monument à Théofiel Verbist, à gauche le P. W. Oost (missionnaire de Scheut), à droite le P. J. Heyndrickx lors du voyage en Chine en 2008.
Ctb/kerknet/bl