Dans un discours ouvrant les travaux du Conseil permanent de la Conférence épiscopale italienne (CEI), le 26 septembre 2011, le cardinal Angelo Bagnasco, président de la CEI, a longuement déploré les « comportements (…) difficilement compatibles avec la dignité institutionnelle ». Sans jamais nommer le président du Conseil, Silvio Berlusconi, dont les frasques sexuelles font régulièrement la Une de la presse de la péninsule, le prélat a vivement dénoncé les comportements « contraires à la dignité publique », « tristes et insignifiants », regrettant également les divisions au sein du pays et les instrumentalisations partisanes en temps de crise.
Le cardinal Bagnasco a fait état d’un « désarroi stupéfiant au niveau culturel et moral ». Il a déploré les « comportements qui, s’ils sont prouvés, sont difficilement compatibles avec le décorum institutionnel ». Puis, une énième fois, le président de l’épiscopat italien a affirmé que « quiconque choisit l’engagement politique doit être conscient de la mesure et de sobriété, de la discipline et de l’honneur que cela entraîne ».
Toutefois, le cardinal Angelo Bagnasco a aussi dénoncé la surmédiatisation de certains « comportements licencieux et relations impropres », se disant frappé par l’exhibition et « l’abondance des chroniques (qui y sont) consacrées ». Soulignant le mal social qu’engendrent de telles attitudes, le président de la CEI a assuré que « la collectivité regarde avec effroi les acteurs de la scène publique et l’image du pays à l’étranger en est dangereusement affaiblie ».
Un renouveau éthique nécessaire
Ces mises en garde contre une situation allant contre le bien général interviennent alors que l’Italie est plongée depuis des mois dans une grave crise politique liée à des scandales sexuels impliquant des membres de la classe dirigeante. Le président du Conseil, Silvio Berlusconi, 74 ans, est notamment poursuivi en justice pour une affaire de prostitution de mineure. Dans son message au président de la République italienne, le 22 septembre dernier, à l’occasion de son départ pour l’Allemagne, Benoît XVI avait d’ailleurs souhaité pour l’Italie un « intense renouveau éthique ».
Le cardinal Bagnasco a ainsi répondu aux voix, émanant de la presse mais aussi de certains membres du clergé, qui reprochent à l’Eglise de ne pas s’exprimer sur la question morale parmi les responsables politiques. Il a affirmé qu’au cours des dernières années, le magistère ecclésial n’avait pas manqué de faire entendre sa requête d’une « vie saine, sans pansexualisme (doctrine freudienne selon laquelle tout s’explique par une motivation sexuelle, ndlr) et relativisme amoral ». Il a également cité le professeur Franco Casavola, président émérite de la Cour constitutionnelle pour qui « la seule voix qui dénonce les corruptions de la société et de la politique est celle de l’Eglise catholique ».
Sur la crise économique, le président de la Conférence épiscopale italienne a dénoncé le manque de « vision communautaire » de l’Europe, rendant impossible la mise en place de solutions politiques efficaces. Il a critiqué l’influence autarcique et mystérieuse des agences de notation, qui « imposent de nouvelles charges aux démocraties ». L’une d’elles a notamment dégradé la note de l’Italie une semaine plus tôt, provoquant une vive inquiétude en Italie et dans la zone euro.
Ctb/apic/imedia/bl