L'Eglise catholique péruvienne ne veut pas prendre position vis-à-vis des élections présidentielles dont le second tour aura lieu le 5 juin, mais elle suit la campagne avec beaucoup d'attention.
"Si nous en sommes-là aujourd’hui, c’est parce que pendant des années, le pays a été gouverné en ignorant les besoins du peuple." Cette réflexion du frère Leonardo Rego, un religieux vivant au Pérou depuis plus de 30 ans, montre bien les préoccupations politique et citoyenne de l'Eglise catholique au Pérou. En effet, les deux candidats émergeant au premier tour des élections présidentielles sont issus des extrêmes: extrême gauche pour Ollanta Humala et extrême droite pour Keiko Fujimori. Ils sont pourtant les représentants des classes les plus démunies de la société péruvienne. Des pauvres qui représentent aujourd’hui plus d’un tiers de la population.
La position de retrait adoptée par l'Eglise catholique ne signifie pas pour autant qu’au sein de la Conférence épiscopale, le courant conservateur et le courant progressiste ne se soient pas livrés à des débats de fonds. Notamment pour savoir si l’un des deux candidats pouvait les aider à enrayer l’essor important des Eglises évangéliques, très présentes dans les immenses quartiers populaires de la capitale. Cette montée inexorable des Eglises évangéliques inquiète évidemment les leaders de l’Eglise catholique péruvienne. Cette dernière demande d’ailleurs que le Pérou abandonne son statut d’Etat non confessionnel, au profit d’un "retour à la chrétienté, eu égard aux liens qui ont uni l’Etat et l’Eglise durant l’histoire." Autre requête : le maintien des privilèges, en particulier fiscaux, que l’Eglise reçoit de l’Etat et que les candidats songent à "restructurer".
APIC/SB