Trois jours après sa béatification, Jean-Paul II continue de faire parler de lui. Aux quatre coins du monde, des lieux symboliques lui sont dédiés et des statues à son effigie sont inaugurées. Le président du Pérou a même été jusqu’à lui attribuer l’assassinat d’Oussama Ben Laden, véritable « incarnation du mal » à ses yeux. Son « premier miracle », a-t-il déclaré.
Le Bienheureux Jean-Paul II repose désormais dans la chapelle Saint-Sébastien, non loin de l’entrée de la basilique Saint-Pierre de Rome et de la célèbre Pietà de Michel-Ange. Son cercueil a effectivement été transféré le 3 mai dernier, vers 19h15, en présence de nombreux prélats, et recouvert d’une pierre de marbre blanc sur laquelle est inscrit: « Beatus Ioannes Paulus PP. II ». Un déplacement qui n’a en rien perturbé l’hommage dont il fait l’objet depuis la semaine dernière, puisqu’ils sont encore des dizaines de milliers à venir le vénérer chaque jour.
Son « culte public » dans le diocèse de Rome a été inauguré le lundi 2 mai, lors d’une messe d’action de grâce présidée par le cardinal secrétaire d’État Tarcisio Bertone. Au cours de cette célébration, celui-ci a notamment rappelé le rôle majeur joué par Jean-Paul II durant son pontificat. Il a donné à l’Église catholique non seulement « une visibilité universelle« , mais aussi une « autorité morale qu’elle n’avait jamais atteinte auparavant au niveau mondial« , a-t-il déclaré.
Des hommages qui ne font pas toujours l’unanimité
Son rayonnement a été tel qu’aux quatre coins du monde, des hommes et des femmes cherchent à lui rendre un dernier hommage en donnant son nom à des lieux symboliques ou en érigeant des statues à son effigie. Ainsi, depuis le 2 mai dernier, l’esplanade de l’Université de Tor Vergata – lieu historique du Jubilé qui a rassemblé plus de deux millions de jeunes en l’an 2000 – porte le nom du pape polonais. De même, le 18 mai prochain, une statue de 4 mètres de haut du pape polonais, réalisée par le sculpteur Olivero Rinaldi et donnée à la ville de Rome par une Fondation privée, sera érigée devant la célèbre gare de Termini. Celle-ci sera rebaptisée « Gare Jean-Paul II » et les services Caritas qui s’y trouvent lui seront dédiés, pour rappeler sa sollicitude pastorale envers les plus pauvres.
En France aussi, des initiatives de ce genre ont été entreprises, suscitant parfois des réactions hostiles. C’est notamment le cas à Lyon où une statue du Bienheureux sera érigée le 5 octobre prochain sur la colline de Fourvière, en l’honneur de sa venue à Lyon, en 1986, pour la « Rencontre des religions ». Si la majorité des acteurs catholiques sont enthousiastes, certaines voix discordantes se sont faites entendre. Pour P. Bernard Yvernogeau, prêtre du diocèse, cette statue est « une horreur et un mépris pour les pauvres« . Même scénario à Osny où, le 1er mai dernier, le maire Christian Gourmelen a inauguré un rond-point en l’honneur de l’ancien pape. Une cérémonie jugée un peu trop chrétienne par certains, pour qui il s’agit d’un viol du principe de laïcité. Enfin, à Paris, une statue de 3,6 mètres de haut, attend depuis l’été dernier de trouver sa place définitive. Elle a été réalisée et offerte par Zourab Tsereteli, président de l’Académie des beaux-arts de Russie.
Autre hommage, mais d’un genre quelque peu différent : aux Philippines, l’Église catholique a relancé sa campagne pro vie au nom de Jean-Paul II. Elle est destinée à bloquer l’approbation du « Document sur la santé reproductive », qui bénéficie du soutien du Président Benigno Aquino et qui sera présenté au Congrès le 9 mai prochain.
Un premier miracle ?
Plus étonnant : la récente déclaration d’Alan Garcia, le président du Pérou, un pays très catholique et un allié politique des États-Unis. Pour lui, la mort d’Oussama Ben Laden, qui représentait « l’incarnation du mal, l’incarnation du crime et de la haine« , constitue « le premier miracle » de Jean-Paul II. Il est toutefois fort peu probable que la Congrégation pour la cause des saints prenne celui-ci en compte dans le cadre de son futur procès en canonisation. (CtB/Zenit/Apic/PA)