Le 7 mai, au soir, des musulmans ont attaqué des églises coptes à Embaba, dans le quartier nord de la capitale égyptienne. Bilan: une douzaine de morts, près de 200 blessés et 190 personnes arrêtées.
Ce nouveau déchaînement de violence trouve son origine dans la conversion supposée à l’islam de deux épouses de prêtres. Camilia Chehata et Wafa Constantine auraient effectivement quitté leur mari après un différend conjugal, l’une l’an dernier et l’autre il y a sept ans. Les maris avaient immédiatement averti la police en prétendant qu’elles avaient été enlevées par des musulmans et elles avaient été reconduites manu militari à leur domicile conjugal. Si cette affaire s’est envenimée, c’est parce que des musulmans, en majorité des salafistes, prétendent que les deux femmes se sont converties à l’islam et sont tenues enfermées. L’Église copte a démenti à plusieurs reprises cette rumeur, mais sans que jamais les deux épouses ne réapparaissent pour confirmer ou infirmer l’une ou l’autre thèse.
Une tentative de déstabilisation
Quoi qu’il en soit, cette affaire a débouché sur de nouveaux affrontements entre chrétiens et musulmans, forçant les forces de sécurité et l’armée à intervenir pour rétablir le calme. Environ 192 personnes ont été arrêtées et seraient actuellement déférées devant des tribunaux militaires.
Le gouvernement, de son côté, tente de reprendre la main. Le Premier ministre Essam Chraf a décidé de reporter la visite à Bahrein et aux Émirats arabes unis qu’il avait prévu dimanche 8 mai et de convoquer une réunion de crise afin d' »examiner les événements regrettables à Imbaba ». À l’issue de celle-ci, le ministre de la Justice Abdel Aziz al-Gindi a annoncé que les autorités allaient « frapper d’une main de fer tous ceux qui cherchent à nuire à la sécurité de la nation » et que les lois antiterroristes pourraient être utilisées contre les fauteurs de troubles. Pour le gouvernement, ces violences sont le fait de fidèles au régime du président Hosni Moubarak qui créent des affrontements entre chrétiens et musulmans afin de montrer que sans eux le pays sombre dans le chaos.
Ne pas jouer avec la sécurité du pays
Ce qui est sûr, en tout cas, c’est que ces incidents fragilisent le pays dans sa marche vers une véritable démocratie. Le grand mufti Ali Gomaa, une des plus hautes autorités musulmanes d’Egypte, a notamment appelé à « ne pas jouer avec la sécurité du pays » et assuré que les troubles « ne pouvaient pas émaner de gens vraiment religieux, qu’ils soient musulmans ou chrétiens« . (CtB/LcX/Apic/PA)