Editorial du P. Charles Delhez, paru dans "Dimanche Express" n°14 du 10 avril 2011 :
Heureux événement pour l’Église de Belgique – particulièrement celle qui est à Bruxelles, dans les Brabant flamand et wallon – que cette ordination de trois nouveaux évêques. La basilique de Koekelberg était comble. Après des mois de “galère” pour les catholiques de Belgique, ce grand et solennel rassemblement, minutieusement préparé, faisait du bien. Une ordination est toujours le signe que Dieu n’abandonne pas son peuple, qu’il ne cesse de lui donner des pasteurs pour le rassembler et le guider.
Un autre événement a marqué l’Église durant la semaine écoulée. La commission parlementaire relative “au traitement d’abus sexuels…” a voté son rapport à l’unanimité. Au cours de ce travail, il y a eu des moments houleux. Les députés des partis proches de la démocratie chrétienne reconnaissent que cela n’a pas toujours été évident pour eux. Mais mercredi, tout semblait apaisé. Une certaine atmosphère de joie régnait dans la Salle européenne où si souvent les commissaires s’étaient rassemblés sous la houlette – parfois ambiguë – de Karine Lalieux. Heureux dénouement car, au bout de ces cinq mois, il semble que le monde politique ait pris conscience de la gravité et de l’étendue de ce drame de la pédophilie. Septante recommandations ont été faites. Elles touchent tous les domaines, mais sont profondément centrées sur le bien des victimes, leur protection et leur guérison. Côté Église, la séparation entre celle-ci et l’État a été respectée. Ce ne sont pas des recommandations, mais une proposition qu’il lui revient d’accepter ou de refuser. La balle est donc dans le camp des évêques. À eux de voir si cette “main tendue à l’Église” – selon l’expression des commissaires – est acceptable, si sous ce gant de velours, il y a bien une main secourable.
Accepter le tribunal arbitral (non judiciaire) est en effet un engagement lourd de la part de l’Église. C’est renoncer à ce huis clos qu’elle affectionne, c’est reconnaître qu’elle a vraiment fauté et qu’elle a besoin de la société civile pour en sortir. Humilité donc, mais qui peut être l’occasion de se refaire une crédibilité. Le discernement ne sera pas aisé, pas plus qu’il ne sera facile, pour la société civile, de mettre en œuvre toutes les recommandations. Bref, un évènement important que ce vote. Une pause, dirait-on en musique, mais pas encore un point d’orgue. (CtB/PA)