Dans l'homélie qu'il a prononcée lors de la messe chrismale du diocèse de Tournai, le 19 avril dernier, Mgr Guy Harpigny est revenu sur les événements douloureux qui ont marqué l'Eglise de Belgique ces derniers mois. Pour lui, "il est urgent que les évêques et les supérieurs majeurs des congrégations religieuses" envoient un signal clair aux chrétiens, à l'ensemble de la société et surtout aux victimes d'abus sexuels.
En présence de Mgr Giacento Berloco, nonce apostolique en Belgique, qu'il a d'ailleurs remercié pour la "vigilance" qu'il met à "défendre la liberté religieuse dans notre pays", l'évêque de Tournai a tout d'abord souhaité répondre à celles et ceux qui se posent des questions concernant le financement du culte catholique en Belgique. Tout d'abord, rappelle-t-il, "il n'y a pas que le culte catholique qui est concerné". Les protestants, les orthodoxes, les juifs, les musulmans, la laïcité organisée et, de manière progressive, les associations du monde bouddhique bénéficient sont également financés par l'Etat fédéral. Ensuite, poursuit-il, les traitements et les pensions des ministres du culte ne constituent qu'une partie – et pas la plus importante – du budget dévolu au financement des cultes et de la laïcité organisée. Sont également compris dans celui-ci les cours philosophiques dans l'enseignement fondamental et l'enseignement secondaire – "de loin, ce qui coûte le plus cher aux pouvoirs publics" – ainsi que l'entretien, la restauration et la création des lieux de culte et de maisons de la laïcité. "Lorsque des voix autorisées affirment que, si l'Eglise catholique ne met pas de l'ordre dans ses rangs, les pouvoirs publics vont faire des coupes sombres dans son financement, je me permets de signaler que, dans les trois secteurs mentionnés (…), il n'y a pas que la pension d'un ancien évêque", a ajouté Mgr Harpigny.
Remerciements aux bénévoles
L'évêque de Tournai rappelle également qu'"une immense partie de la mission de l'Eglise n'est pas financée par les pouvoirs publics". "Et c'est tout à fait normal", s'est-il empressé de préciser. "Nous ne pensons pas un seul instant que la vie de l'Eglise, sa mission, ses projets doivent être systématiquement financés par les pouvoirs publics." Ainsi, l'annonce de l'Evangile est-elle "surtout exercée par les bénévoles". Sans eux, insiste-t-il, "la mission de l'Eglise serait réduite de 90% de ses tâches". Aussi, a-t-il tenu à les remercier, au nom de diocèse et en son nom propre.
Concernant les affaires de pédophilie, Mgr Harpigny rappelle que "cela fait des années que les évêques de Belgique cherchent à répondre, avec le plus grand respect, aux plaintes des victimes d'abus sexuels perpétrés dans le cadre d'une relation pastorale". Il est toutefois urgent, selon lui, que l'Eglise se positionne face aux recommandations de la commission parlementaire spéciale et envoie un signal clair aux chrétiens, à l'ensemble de la société et surtout aux victimes d'abus sexuels. L'évêque d'Anvers et lui-même y travaillent d'ailleurs en ce moment. "Je ne doute pas un seul instant que ce signal sera bien compris", a-t-il affirmé.
Pour lire l'homélie dans son intégralité : Homélie Messe chrismale Tournai 2011
(CtB/évêché de Tournai/PA)