La semaine sainte aux Philippines revêt toujours des aspects particulièrement spectaculaires. De nombreux fidèles cherchent en effet à s’infliger les souffrances du Christ, en signe de pénitence ou de gratitude. Certains vont même jusqu’à la crucifixion. Une pratique qui éclipse l’importance de la résurrection, et que désapprouve la Conférence des évêques philippins (CBCP).
Trois jours avant le dimanche de Pâques, les fidèles philippins participent à différents pratiques et rituels pour commémorer la souffrance et la mort du Christ. Dans ce pays à majorité catholique, les croyants visitent différentes églises lors de la « Visita Iglesia » – correspondant aux quatorze stations du chemin de croix. Mais bon nombre d’entre eux vont jusqu’à revivre physiquement les douleurs de la passion du Christ. En portant des couronnes d’épines ou en se flagellant, mais parfois également, en se faisant crucifier. Un rituel impressionnant qui prend fin à 15h, heure à laquelle le Christ serait mort sur la croix. Le gouvernement, peu enclin à réglementer la pratique, insiste cependant pour que tous les participants soient vaccinés contre le tétanos et que les clous soient stérilisés.
La passion éclipse la résurrection
« Pour les Philippins, les aspects les plus importants de la semaine sainte sont la passion du Christ, sa flagellation, sa crucifixion et sa mort, parce que nous sommes prédisposés à souffrir », a déclaré l’archevêque émérite Oscar Cruz. Les situations de souffrance et de pauvreté dans lesquelles sont plongés la majorité des Philippins les empêchent de penser en terme de « happy end », estiment les évêques. « Mais si l’on regarde l’histoire du Christ, il ne s’agit pas que de souffrance. Notre dieu est un dieu du ’happy end’, alors si l’on n’est pas heureux maintenant, c’est que ce n’est pas terminé », annonce le Père Carmelo Arada, de la commission liturgique de l’archidiocèse de Manille.
La CBCP regrette qu’en se focalisant sur la passion, les Philippins aient omis la résurrection. « Beaucoup de catholiques philippins semblent mal à l’aise aujourd’hui lorsqu’on leur demande d’expliquer la signification et les implications de la résurrection du Christ » parce qu’elle ne rappelle rien de leur expérience quotidienne, affirment-ils dans le livre « Catéchisme pour les catholiques philippins ».
Pour le Père Arada, « il est important de mettre l’accent sur la résurrection pour montrer qu’il y a plus que la souffrance dans la vie ». C’est pourquoi l’Eglise catholique désapprouve les pratiques de flagellation et de crucifixion. Pour vivre la résurrection du Christ et célébrer Pâques de manière positive, ils proposent plutôt de « se libérer de ses pêchés et de vivre à nouveau dans un état de grâce ».
Apic/P.G.