Monseigneur Rémy Vancottem, évêque de Namur, sera ce dimanche 1er mai, à Rome, sur la place Saint-Pierre. Avec des milliers de pèlerins, il assistera à la béatification du pape Jean-Paul II. Un pape que l'évêque a rencontré à plusieurs reprises lors de voyages et qui l'a impressionné. "Je garde le souvenir d'un homme qui s'abîmait dans la prière. Il passait de longs moments dans un coeur à coeur avec Dieu. Un homme pour qui le relationnel avait beaucoup d'importance. Il était proche des gens, c'est là que je situe sa sainteté.''
"Vous me paraissez bien jeune...'' Cette phrase, Mgr Rémy Vancottem n'est pas prêt de l'oublier. C'était en mars 1982, Mgr Vancottem, 38 ans, tout jeune évêque faisait partie de la visite "ad limina''. Tous les cinq ans, les évêques se rendent à Rome où ils vont prier dans les quatre basiliques majeures de la ville éternelle. Ils sont aussi reçus par le pape, partagent un repas avec lui... Le travail des évêchés est encore décortiqué. "Le pape Jean-Paul II est venu vers moi, raconte Mgr Vancottem, et il a fait cette réflexion sur mon âge. Je lui ai rétorqué: 'Mais Saint-Père c'est vous qui venez de me nommer!' ''
Un homme qui ne manquait pas d'humour
"En 1985, les évêques de Belgique avaient décidé d'inviter le pape chez nous et c'est moi qui ai été chargé de l'organisation, poursuit Mgr Vancottem. Pour me rendre compte de ce que cela représentait, je suis allé en Suisse et en Autriche où Jean-Paul II était en visite.'' C'est à Vienne que Mgr Rémy Vancottem a aussi pu se rendre compte que le pape Jean-Paul II était un homme simple, qui savait mettre son interlocuteur à l'aise et qui plus est ne manquait pas d'humour. Mère Teresa est présente à la cathédrale de Vienne et faut-il le dire, elle aussi attire les faveurs des fidèles. Le pape Jean-Paul II en est bien conscient. Et tout de go, il lance: "Là où Mère Teresa se trouve plus personne ne regarde le pape!''
Le séjour de Jean-Paul II en Belgique fait évidemment partie des bons souvenirs de l'évêque diocésain. "Je ne reconnaissais pas la Belgique. J'ai été marqué par la ferveur de tout un peuple habituellement plus discret. Des gens étaient massés sur les ponts qui surplombaient les autoroutes. Ils étaient là pour saluer la voiture du pape. Chaque jour, l'enthousiasme allait en augmentant. Il faut aussi savoir que Jean-Paul II avait appris, spécialement pour ce voyage, le néerlandais. Il a d'ailleurs pris plusieurs fois la parole en néerlandais.''
Un homme d'écoute
Mgr Vancottem est, à chaque fois, l'envoyé de la conférence épiscopale belge lors des voyages du pape à l'étranger. Mgr Vancottem fera ainsi partie de la délégation qui se rendra au Burundi, au Rwanda et en France. Lors de ces différents voyages, la délégation est hébergée dans le même lieu que le pape. "Nous pouvions ainsi avoir des rencontres informelles. Le pape Jean-Paul II était vraiment un homme qui écoutait beaucoup et qui, même bien des années, plus tard se souvenait de la personne avec qui il avait échangé. Il s'est ainsi avancé, confie Mgr Vancottem, une fois vers moi, en me disant: 'Vous n'êtes pas de Belgique?' Une autre fois il m'a demandé des nouvelles des prêtres polonais, ils sont nombreux dans le Brabant wallon où, à l'époque, j'étais évêque auxiliaire.''
Il est un voyage qui marquera Mgr Vancottem encore plus que tous les autres. Celui que Jean-Paul II a rendu à sa Pologne natale, en 1987. L'évêque de Namur raconte: "C'était à Gdansk. Le podium s'avançait vers la foule, on aurait dit que le pape se trouvait sur la proue d'un bateau. Il y avait, dans la foule, Lech Walesa et le général Jaruzelski. C'était inoubliable. C'était la rencontre d'un pape avec son peuple. Nous ne comprenions rien à ce qui était dit, mais il y a un mot qui revenait sans cesse, ''solidarnosc''. On voyait alors la foule s'emballer.''
Et cette capacité que le pape Jean-Paul II avait à mobiliser les foules, l'évêque a encore pu la constater lors des JMJ. Le pape était porté par la foule et les jeunes étaient galvanisés par le successeur de Pierre. "On puisait beaucoup de force de ces rassemblements.''
Il s'abîmait dans la prière
Lors des visites "ad limina'', Jean-Paul II invitait les évêques à sa table. Il les conviait aussi à assister, dans sa chapelle privée, à la messe. Dans la mémoire de Mgr Vancottem, les images se précipitent. "Bien avant l'office, Jean-Paul II était déjà là, en prière, devant l'autel. Il était comme une masse qui ne bronchait pas. De temps en temps, il poussait un soupir, mais replongeait très vite dans la prière. La prière se voyait, elle était inscrite dans son attitude. Après l'eucharistie, il venait saluer chacun personnellement. Pour moi sa sainteté vient de ses temps de prière, mais aussi des relations, des qualités d'écoute développées. On sentait que le pape avait plaisir à rencontrer les gens, c'était là son bonheur. ''
"Dès que j'ai appris la date de la béatification, j'ai réservé mon billet d'avion. Je voulais être présent.''Mgr Vancottem sera le représentant de la conférence épiscopale francophone. Les néerlandophones seront eux représentés par Mgr Lemmens, évêque auxiliaire récemment nommé.
"Je reste marqué par cet homme qui avait donné sa vie et qui était prêt à mourir pour Jésus-Christ et son Église. Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l'on aime. C'était un homme qui ne comptait pas son temps. C'est un homme qui nous a été envoyé au moment où nous devions recevoir sa force. Sa béatification est un grand moment pour l'Église, elle donne du souffle. Cet homme continue à souffler sur notre église.''
Diocèse de Namur/Christine Bolinne