
Shahbaz Bhatti, ministre pakistanais des minorités religieuses
Ce mercredi 2 mars, des inconnus ont ouvert le feu et tué le ministre pakistanais des minorités religieuses, le chrétien Shahbaz Bhatti, à Islamabad. Un assassinat revendiqués par les talibans pakistanais, qui expliquent leur geste par les « propos blasphématoires » du ministre, fervent partisan de l’abrogation de la loi sur le blasphème.
Deux mois à peine après l’assassinat de Salman Taseer, le gouverneur du Penjab, des hommes armés ont tiré sur la voiture de Shahbaz Bhatti, le ministre des minorités religieuses, dans un quartier huppé d’Islamabad, alors que celui-ci se rendait à son travail. Il est mort à son arrivée à l’hôpital Shifa. Récemment reconduit sans ses fonctions, le ministre Bhatthi souhaitait qu’on amende la loi anti-blasphème et multipliait les déclarations sur les violences et intimidations visant la minorité chrétienne. C’est apparemment pour cette raison qu’il vient d’être assassiné.
En janvier dernier, la « All Pakistan Minorities Alliance » (APMA), réseau qui rassemble les minorités religieuses au Pakistan, avait déjà fait part de son inquiétude après avoir appris que des organisations terroristes préparaient un attentat pour l’éliminer. Elle tirait ses informations d’un rapport des Services de sécurité pakistanais, qui indiquait que le ministre était devenu l’objectif n°1, du fait de son engagement en faveur de l’abolition de la loi sur le blasphème. L’APMA avait alors demandé à l’État « la plus grande protection possible » pour Shahbaz Bhatti.
Ce dernier faisait également l’objet d’une « condamnation à mort » de la part de la puissante organisation terroriste Laskar-e-Toiba. « Priez pour moi et pour ma vie. Je ne peux, ni ne veux, revenir en arrière dans mon engagement. Je combattrai l’extrémisme et je me battrai jusqu’à la mort pour la défense des chrétiens« , avait alors confié Shahbaz Bhatti à l’agence missionnaire Fides.
Pour le père Federico Lombardi, directeur de la Salle du presse du Vatican, cet « assassinat est un nouvel acte de violence d’une terrible gravité » et « démontre combien sont justifiées les interventions insistantes du pape à propos de la violence contre les chrétiens et contre la liberté religieuse en général« . (CtB/Apic/PA)