Le 18 mars dernier, la Cour européenne des droits de l’homme a estimé que la présence d’un crucifix dans une salle de classe ne violait pas le droit à une instruction neutre. Pour le Vatican, il s’agit d’une décision historique.
En novembre 2009, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), interpellée par une mère de famille italienne, avait considéré la présence de crucifix dans les salles italiennes « contraire au droit des parents d’éduquer leur enfants selon leurs convictions » et « au droit des enfants à la liberté de religion« . Émue par cette condamnation, tout comme de nombreux autres pays européens, l’Italie avait alors fait appel de ce jugement, considérant que le crucifix était, au-delà d’un symbole chrétien, un objet « historico-culturel » ayant une « valeur identitaire » pour le peuple italien.
La Grande Chambre de la CEDH lui a finalement donné raison ce vendredi 18 mars, par 15 voix contre 2. Pour elle, il n’y a pas « d’éléments attestant l’éventuelle influence que l’exposition sur des murs de classe d’un symbole religieux pourrait avoir sur les élèves« . Une décision qui a été accueillie « avec une grande satisfaction » par le ministre des Affaires étrangères italien et qualifié d' »historique » par le Vatican. « La Cour affirme donc que l’exposition du crucifix n’est pas de l’endoctrinement, mais l’expression de l’identité culturelle et religieuse des pays de tradition chrétienne« , s’est félicité le père Federico Lombardi, le directeur de la Salle de presse du Saint-Siège. Pour lui, ce jugement contribue « efficacement » à « rétablir la confiance dans la Cour européenne des droits de l’homme« .
« Une victoire pour l’Europe »
Même satisfaction chez les évêques européens. « Un espoir est né non seulement pour les chrétiens, mais pour tous les citoyens d’Europe, croyants et laïques, qui avaient été profondément blessés par le jugement du 3 novembre 2009 et qui sont préoccupés face à des procédures qui tendent à effriter une grande culture comme la culture chrétienne et, en fin de compte, à miner sa propre identité« , a déclaré le cardinal Péter Erdö, président du Conseil des Conférences épiscopales d’Europe. Et d’ajouter: « Sans le crucifix, l’Europe que nous connaissons aujourd’hui n’existerait pas aujourd’hui. Voilà pourquoi ce jugement est avant tout une victoire pour l’Europe. »
La Commission des épiscopats de la Communauté européenne (COMECE) a également salué le revirement de la CEDH. « La présence du crucifix dans les écoles n’empêche pas de prodiguer un enseignement objectif, critique et dans un esprit pluraliste« , peut-on lire dans son communiqué. « La présence de ce symbole religieux particulier vise plutôt à transmettre des valeurs morales de base dans les écoles publiques. » Pour la COMECE, « le niveau le plus approprié pour juger de façon éclairée ces affaires, qui sont profondément enracinées dans la tradition particulière d’un pays, est le niveau national. » (CtB/Apic/Zenit/LcX/PA)