Selon le rapport mondial de l’UNESCO paru le 1er mars 2011 sur « le suivi sur l’Education pour tous 2011 », 28 millions d’enfants sont privés d’éducation en raison des conflits armés qui les exposent aux viols, aux violences sexuelles, à des attaques ciblées sur leurs écoles et à d’autres atteintes aux droits de l’Homme. De 1999 à 2008, trente-cinq pays ont été en proie à des conflits armés. Les enfants et les écoles se trouvent en première ligne, car les salles de classe, les enseignants et les élèves sont considérés comme des cibles légitimes. En Afghanistan, on a répertorié au moins 613 attaques contre des écoles en 2009, contre 347 en 2008. Les insurgés du nord-ouest du Pakistan ont commis de nombreuses attaques contre des écolières ; 95 jeunes filles ont été blessées lors de l'une de ces offensives. Au nord du Yémen, 220 écoles ont été détruites, endommagées ou pillées pendant les combats qui ont opposé le gouvernement et les forces rebelles en 2009 et 2010. Sur le nombre total d'enfants en âge de fréquenter l'école primaire qui ne sont pas scolarisés, 42 % (soit 28 millions) vivent dans des pays pauvres en proie à des conflits. Dans de nombreux pays, les viols et autres violences sexuelles demeurent des armes largement utilisées en cas de conflit. L’insécurité et la peur des sévices sexuels empêchent les enfants d’aller à l’école, en particulier les jeunes filles, souligne l’UNESCO. En outre, le rapport révèle que 21 Etats parmi les plus pauvres de la planète allouent une plus grande part de leur budget à l’armée qu’à l’éducation de base. Ainsi, s’ils réduisaient leurs dépenses militaires de seulement 10%, 9,5 millions d’enfants supplémentaires pourraient être scolarisés. Appel à la communauté internationaleL’UNESCO exhorte la communauté internationale à "une action plus forte contre les violations des droits de l’Homme, à procéder à une révision des priorités de l’aide mondiale et à accorder davantage d’attention au potentiel de l’éducation en matière de construction de la paix". Les experts de l’UNESCO rappellent en outre que la planète n’atteindra certainement pas d’ici 2015 les six objectifs de "l’Education pour tous", pour lesquels 160 pays se sont engagés en 2000. "Malgré les progrès dans de nombreux domaines, la plupart des objectifs seront loin d’être atteints, en particulier dans les régions ravagées par les conflits", déplore l’UNESCO dans son communiqué. "Alors que les conflits armés demeurent un obstacle majeur au développement humain dans de nombreuses parties du monde, leurs conséquences sur l’éducation sont largement négligées, a déclaré la Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova. Ce rapport évoque de manière inédite l’ampleur de cette crise cachée, en identifie les causes profondes et offre des propositions solides pour changer les choses." Le rapport 2011 propose ainsi un programme complet de réformes, qui comprend des actions plus fermes contre les violations des droits de l’Homme, la révision des priorités de l’aide internationale et le renforcement des droits des personnes déplacées. Il recommande également d’accorder davantage d’attention aux défaillances en matière d’éducation, qui peuvent augmenter les risques de conflit. Le rapport demande à la communauté internationale de "mettre un terme à la culture d’impunité concernant les violences sexuelles, en renforçant la surveillance des atteintes aux droits de l’Homme affectant l’éducation, en appliquant plus rigoureusement les lois internationales existantes et en créant une Commission internationale sur le viol et les violences sexuelles, soutenue par la Cour pénale internationale". Préface de Mgr TutuQuatre lauréats du prix Nobel de la Paix ont apporté une contribution spéciale à ce rapport: Oscar Arias Sánchez (Costa Rica), Shirin Ebadi (République islamique d’Iran), José Ramos-Horta (Timor-Oriental) et l’archevêque Desmond Tutu (Afrique du Sud). Dans la préface, Mgr Tutu écrit que le rapport illustre "de façon précise la brutalité des violences commises contre certaines des personnes les plus vulnérables de la planète, notamment contre des écoliers". L’archevêque exhorte les dirigeants de tous les pays, riches et pauvres, à agir de manière décisive. Plus d’infos: https://www.unesco.org/new/fr/education/themes/leading-the-international-agenda/efareport (apic/unesco/mvl) |
28 millions d’enfants sont privés d’instruction du fait des conflits armés
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Manu Van Lier
Journaliste de CathoBel
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- Modifié le
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