Trois églises ont été incendiées mardi 8 février à Java-centre à la suite du procès d’un chrétien accusé de blasphème contre l’islam. Le prosélytisme agressif de certains fondamentalistes protestants pourraient être à l'origine de ce déchaînement de haine.
Le 8 février dernier, une foule d'extrémistes musulmans ont attaqué trois églises (deux protestantes et une catholique), un orphelinat catholique et un centre de soins des Sœurs de la Providence, tous situés dans la province de Java-centre, à la suite d'une décision de justice rendue par le tribunal de Temanggung. Ils protestaient contre la condamnation à cinq ans de prison d'un homme de 58 ans, Antonius Bawengan, jugé pour avoir distribué des tracts tournant en dérision des symboles de l'islam. Une peine tout à fait insuffisante à leurs yeux. Ainsi, lorsque le verdict a été connu de la foule, une émeute a immédiatement éclaté, à l'instigation des nombreux mouvements islamistes qui étaient présents et réclamaient la peine de mort. Selon les médias locaux, les manifestaient – qui étaient environ 1.500 – ont envahi le tribunal, brisé des vitres, incendié des voitures, molesté les juges, ainsi que le procureur et l'accusé, avant de prendre pour cibles les édifices religieux de la ville.
Un prosélytisme agressif
Ces incidents interviennent un an exactement après une requête déposée par plusieurs ONG ainsi que des membres des minorités religieuses, afin que la Cour constitutionnelle amende la loi anti-blasphème. Celle-ci punit de cinq ans de prison maximum toute infraction ou "déviance" envers l’une des six religions officiellement autorisées en Indonésie (islam, protestantisme, catholicisme, hindouisme, bouddhisme et plus récemment le confucianisme). Le père Benny Susetyo, secrétaire exécutif de la Commission pour le dialogue interreligieux de la Conférence épiscopale d'Indonésie, estime cependant que certains prédicateurs chrétiens fondamentalistes ont une part de responsabilité dans ce qui est arrivé. "Leur prédication et leur langage sont typiques des sectes: l'islam est le mal, convertissez-vous ou vous irez en enfer", a-t-il expliqué à l'agence catholique Fides. "Tout cela provoque parmi la population la rage et la haine qui explosent ensuite dans la violence antichrétienne." "D'autre part", poursuit-il, "il y a des groupes extrémistes musulmans d'idéologie wahhabite qui constituent l'autre face du problème." Il s'agit donc dans les deux cas de petits groupes, "mais lorsque les fanatismes s'affrontent, toute la société et tous les croyants en font les frais."
(CtB/Apic/La Croix/Fides/PA)