Que peut-on attendre de politiciens fatigués ?


Partager
Que peut-on attendre de politiciens fatigués ?
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
2 min

Editorial de Pascal André paru dans le "Dimanche Express" n°5 du 6 février 2011

Si la crise politique belge fatigue les citoyens, elle fatigue certainement plus encore celles et ceux qui sont censés y mettre un terme. Depuis quelques semaines, en effet, une certaine morosité s'installe chez nos politiciens et il leur devient de plus en plus difficile de cacher leur lassitude, pour ne pas dire leur exaspération. Les mines sont défaites, les traits tirés, les yeux cernés, et certains ne parviennent plus à réfréner leur agressivité, preuve qu'il est grand temps pour eux de recharger les batteries. De tels comportements peuvent paraître déplacés, mais après sept mois de négociations, comment pourrait-il en être autrement? Qui pourrait tenir pareil marathon sans jamais manifester le moindre signe de fatigue ou de faiblesse? Même les hommes politiques ont leurs limites.

Bien sûr, me rétorquera-t-on, personne ne les a obligés à s'engager en politique ou à se présenter aux élections. Le surmenage fait partie des risques du métier et d'ailleurs, aucun d'entre eux ne songerait à se plaindre de son rythme infernal de travail. Certes, mais que peut-il sortir de bon de cerveaux au bord du burn-out? Ne serait-il pas plus sage pour les présidents de parti de passer la main à leurs collaborateurs, le temps de s'oxygéner un peu et de refaire le plein d'énergie? Malheureusement, aucun d'entre eux n'acceptera jamais de débrayer, car derrière cette course de fond se cache une stratégie souvent utilisée en politique lorsqu'une situation paraît totalement bouchée. Elle consiste à laisser les partis en lice négocier jusqu'à ce que l'un ou l'autre d'entre eux, épuisé par ces débats sans fin, capitule ou accepte enfin de lâcher du lest.

Si cette stratégie a fait plus d'une fois ses preuves par le passé, notamment sous Guy Verhofstadt, il est regrettable qu'on y ait à nouveau recours dans le contexte actuel. Une réforme de l'État aussi importante que celle qui est négociée en ce moment mérite en effet beaucoup mieux que cela. Elle ne pourra de toute façon réussir que si elle emporte l'adhésion de tous, autrement dit que si chacune des parties a le sentiment d'être gagnante. Ce qui ne sera certainement pas le cas si l'on s'entête dans cette voie.

 

Catégorie : L'actu

Dans la même catégorie