Les évêques, prêtres et religieux catholiques resteront en Libye malgré la crise que traverse le pays. Dans une lettre envoyée le 26 février 2011 à l’agence vaticane Fides, la nonciature apostolique annonce que dans les deux vicariats apostoliques de Tripoli et Bengasi, deux évêques, 15 prêtres et 16 communautés féminines « poursuivent leur service et entendent continuer la mission qui leur a été confiée ». Grâce à leur travail dans le domaine sanitaire, les sœurs assistent la population en souffrance.
Par cette décision, les représentants de l’Eglise catholique veulent donner courage à la communauté catholique – qui compte près de 100’000 fidèles – et à l’ensemble de la population. Si l’on en croit la lettre, « le peuple libyen manifeste, comme il l’a toujours fait, » sa satisfaction pour le service rendu par les sœurs et les prêtres. « Ces jours-ci, cette bienveillance est tangible dans les gestes concrets de solidarité et de protection envers les religieux présents dans le pays », conclut la nonciature.
Des religieux pour témoigner de l’atrocité de la situation
« Dans aucune des crises humanitaires et des conflits vécus ces vingt dernières années, nous avions assisté à une telle violence », commente don Vittorio Nozza, directeur de la Caritas italienne.
« La répression a été très forte et le sang qui coule dans les rues, ici, en Libye, empêche une réconciliation générale et éloigne la solution des problèmes », souligne Mgr Giovanni Martinelli, évêque de Tripoli. Il voit dans cette tragédie humanitaire le désir des nouvelles générations de se donner l’occasion d’une vie meilleure : « Les populations, explique l’évêque dans un entretien à Radio 24, demandent plus de démocratie. Il y a un saut de qualité de la population marqué par le désir des jeunes de profiter des biens du pays ». Les autorités ayant perdu le contrôle de la situation, Mgr Martinelli explique être entré en contact avec le Croissant rouge et d’autres organisations islamiques pour demander protection pour les églises, les couvents, les fidèles et les religieuses qui travaillent dans les hôpitaux.
Actuellement, le centre Caritas, qui se trouve à 10kms de Tripoli est fermé au public pour une durée indéterminée : « Nous restons barricadés chez nous, comme on nous l’a demandé, et nous ne pouvons rejoindre le centre, où se trouvent les migrants que nous accueillons », rapporte Soeur Sherly Joseph, une des trois sœurs franciscaines du centre Caritas qui accueille des réfugiés provenant surtout d’Érythrée et d’autres pays d’Afrique centrale.
Concernant la situation dans le pays, la religieuse préfère ne pas se prononcer pour des raisons de sécurité. Quoiqu’il en soit, leur place est en Libye, une terre qu’elles portent dans leur cœur et ne comptent pas abandonner, tout comme elles ne veulent pas se séparer entre elles : « Si nous vivons, nous vivrons ensemble ; si nous devons mourir, nous mourrons ensemble ».
(apic/zenith/MVL)