Les égyptiens soutiennent les manifestations et attendent la paix


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Les égyptiens soutiennent les manifestations et attendent la paix
Par Manu Van Lier
Journaliste de CathoBel
Publié le - Modifié le
4 min

Après deux semaines de manifestations qui ont fait de nombreuses victimes, les Cairotes n’ont toujours pas atteint leur objectif: le départ du président Moubarak.

Les coptes égyptiens sont solidaires du mouvement démocratique qui déferle dans les rues du Caire, mais certains pensent cependant qu’il est temps de rentrer à la maison.

De lourds nuages de fumée obscurcissent la nef de l’Eglise de la Vierge Marie à Zamalek, au Caire. L’église copte a récemment fêté son cinquantième anniversaire, comme l’indique la grande banderole près du portail d’entrée. Ce matin, l’édifice est bien fréquenté. Chez beaucoup de personnes, on remarque la tension des derniers jours, alors que des millions de personnes défilent dans les rues du Caire pour demander le départ du président Hosni Moubarak.

Le jeune Ayman, 16 ans, espère que les protestations se calmeront bientôt. Depuis le début des manifestations, il n’a presque pas quitté la maison et se sent enfermé. Son ami Wael ajoute cependant qu’ils utilisent Internet et Facebook, et qu’ils connaissent les sites sur lesquels beaucoup de manifestants ont été "recrutés".

Compréhension et respect pour les manifestants

"La vieille Egypte n’existe plus", affirme une des participants à la messe, qui ne veut pas donner son nom. "Maintenant, commence une nouvelle époque et j’espère qu’elle sera meilleure". Elle pense que les jeunes ont raison de protester et que l’Egypte doit changer.

Tout comme cette femme, de nombreux membres de la communauté expriment leur compréhension et leur respect pour les manifestants. Mais beaucoup pensent également qu’il est maintenant temps de rentrer à la maison. "Ils sont dans une impasse, parce qu’ils n’ont pas de leader politique", affirme Amir, informaticien de 27 ans, qui dit éprouver beaucoup de sympathie pour les manifestants. La révolte a été portée par des jeunes qui se sont trouvé sur Internet et sont sortis dans la rue. "Maintenant, les vieux les ont suivi. Ils n’auraient jamais eu le courage de se révolter mais ils doivent apporter aujourd’hui leur expérience politique."

Personne n’accepterait de théocratie

Si Amir soutient les revendications des manifestants, il aimerait cependant que Moubarak reste en place jusqu’aux prochaines élections présidentielles, pour empêcher les militaires de prendre le pouvoir. La peur occidentale de voir les Frères musulmans prendre le commandement n’est pas partagée par Amir. Pour lui, ils ont ni plus ni moins les mêmes chances que tous les autres, lors des prochaines élections.

Amir est convaincu: "Une théocratie comme en Iran ne serait acceptée par personne". Et "même si les frères musulmans gagnent les élections, c’est la décision des électeurs et elle doit être respectée. C’est ça la démocratie."

Depuis qu’ils sont descendus dans la rue, les manifestants de la place Tahrir ont beaucoup obtenu. Le président Moubarak a changé son gouvernement et annoncé qu’il renonçait à se présenter à nouveau lors des prochaines élections. Son fils Gamal a quitté le pays. Pour la première fois en 30 ans de règne, un vice-président a été nommé en la personne de Omar Suleiman, chef des services secrets. On a accepté des changements dans la constitution, annoncé de nouvelles élections, une enquête devrait être menée sur les attaques mortelles perpétrées contres les manifestants par les forces de l’ordre en uniforme ou en civil. Les militaires ont accepté de ne pas s’opposer aux manifestations et de protéger le droit des individus à protester pacifiquement et à exprimer librement leur opinion.

Des morts et des blessés

Mais, malgré le lourd tribut payé, le but du mouvement démocratique - le départ de Moubarak – n’est pas atteint. 10’000 chrétiens et musulmans se sont souvenus, le 6 février sur la place Tahrir, des victimes de la "révolution". L’un après l’autre, un prêtre copte et un responsable musulman ont prié, chanté et pleuré les morts.

Selon les Nations Unies, le nombre de morts depuis le 25 janvier s’élève à plus de 200, dans tout le pays. Le ministère de la santé parle de 5’000 blessés. Une situation qui ne laisse pas froid Jamila, 63 ans, qui va également à la place Tahrir. Elle a vu les photos des morts dans le journal. "Tous des jeunes gens", dit-elle les larmes aux yeux. "Je me suis dit à ce moment, il est largement temps de me joindre aux protestations." (apic/kna/bal/amc/ctb)

Catégorie : International

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